« ומי כעמך כישראל גוי אחד בארץ »
« Et qui comme Ton peuple nation une sur (dans/pour) la terre » (Chemouel II 7,23).
Unité 1 : Un Père, un Peuple et une Terre dans un nom : ישראל
Ce n’est qu’à travers l’épisode du combat du troisième Patriarche, Ya‘aqov (יעקב), contre « l’ange », que la Torah révèle pour la première fois le nom Israël (ישראל)[1]. Ya‘aqov, sorti victorieux de cet affrontement, reçoit alors ce nom lumineux : Yisraël / ישראל — dont la valeur numérique est 541.
ישראל | ל | א | ר | ש | י | |
541 | = | 30 | 1 | 200 | 300 | 10 |
Mais ce nom est bien plus que celui d’un individu. Il unit trois dimensions essentielles :
– Un être : le Père fondateur ;
– Un peuple : une nation issue de ce père ;
– Une terre : un territoire clairement circonscrit.
De cette union naît un tout cohérent : un peuple-nation, enraciné dans une terre précise, et porteur d’une identité héritée des patriarches. L’État qui en découle ne tire pas sa légitimité d’une volonté humaine, mais d’une structure inscrite dans la Torah elle-même.
La délimitation rigoureuse des frontières, gravée dans le texte même de la Torah, se dresse comme un acte en rupture totale avec l’instinct humain de conquête et de domination. Tandis que les empires s’étendent en effaçant les lignes, dissolvant les identités dans l’expansion sans fin, la Torah, elle, trace des limites. Des frontières qui viennent rappeler à l’homme que la maîtrise du monde n’est pas entre ses mains, mais entre celles de Celui qui l’a créé.
Il apparaît ainsi que l’entité Israël n’atteint sa plénitude que lorsque ces trois dimensions sont réunies. Si l’une manque, Israël est comme amputé — חס ושלום.
Jacob/Yaaqov a réuni ces trois dimensions. Il a inscrit dans le réel cette architecture fondatrice. Par lui, le Principe Israël a été scellé dans la matière du monde.
Rappelons que Jacob dut fuir la terre de ses Pères, menacé par Essav. Après vingt ou vingt-et-une années d’exil, il rentre vers la terre d’Israël, lorsque onze de ses fils sont nés. Le douzième, Binyamin, est conçu mais il naîtra sur la terre d’Israël.
C’est précisément durant ce voyage de retour vers Israël qu’a lieu ce célèbre combat avec « l’ange ». Au terme de cet affrontement mystique, Yaaqov reçoit le nom Israël. Il devient alors possible de commencer à parler des « fils d’Israël / בני ישראל ».
La deuxième dimension — la terre — se réalise lorsqu’il s’y installe avec toute sa maison.
La troisième dimension — celle du peuple — s’accomplit pleinement avec la naissance de Binyamin, encore « caché » dans le sein de Ra’hel jusqu’à son arrivée en Terre sainte. Avec lui, les douze têtes des tribus sont enfin réunies. Le socle de la nation est posé.
Le modèle est accompli : un homme (un Père et la notion d’individus en tant que « fils d’Israël »), une terre, un peuple. L’Etat d’Israël est « né » !
Ce processus initié par Ya‘aqov sera pleinement réalisé par Moché Rabbénou et Yéhochouâ ע’ה, lors de la sortie d’Égypte, du don de la Torah et de l’entrée en Terre d’Israël.
Ce Principe identitaire se retrouve dans toute la Torah : Israël est le peuple choisi pour servir Hachem. Deux versets, parmi une multitude, l’expriment :
Chemot 7,16 : “ואמרת אליו יהוה אלהי העברים שלחני אליך לאמר שלח את עמי ויעבדני במדבר” « Et tu (Moché) lui diras : Hachem, D.ieu des Hébreux, m’a envoyé vers toi pour dire : Envoie Mon peuple, qu’ils Me servent dans le désert »
Bamidbar 15,41 : “אני יהוה אלהיכם אשר הוצאתי אתכם מארץ מצרים להיות לכם ללהים אני יהוה אלהיכם ” « Je suis Hachem, votre D.ieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte pour être pour vous D.ieu. Je suis Hachem, votre D.ieu »
Le Zohar nous enseigne que le récit de la Torah est un habit (Zohar, Behaalotekha 152a). Tel Rabi Shimon Bar Yoḥaï ע’ה, essayons de regarder au-delà de l’habit : vers la Nechamah, l’Âme de la Torah. Bien entendu, ce que nous pouvons en percevoir à notre niveau n’est qu’une infime étincelle, que Hachem, dans Sa Bonté, nous permet de « toucher » des yeux.
Ainsi, observons :
Lorsque nous additionnons les trois manifestations du nom Israël — l’homme, le peuple-nation, la terre —, nous obtenons : 541 + 541 + 541 = 1.623
Ce nombre reflète l’unité des trois dimensions. Il trouve un écho, se matérialise, dans un unique verset du livre Berechit, paracha Vayichal’h (33,20) :
« ויצב שם מזבח ויקרא לו אל אלהי ישראל »
« Il (Yaaqov) érigea là un autel, et il l’appela : El, D.ieu d’Israël »
Ce verset est prononcé à l’instant où Jacob entre en terre de Kenaân, future terre d’Israël. À ce moment précis, les trois dimensions sont en « finalisation » :
- Le Père fondateur : Jacob/Yaaqov devenu Israël
- La nation en germe : les douze fils d’Israël (Binyamin naîtra quelques versets plus loin)
- La Terre promise (jurée) à Avraham : Kenaân/Israël
L’unité est réalisée. Israël n’est plus une promesse lointaine ou un projet suspendu. Il devient une réalité vivante, enracinée, agissante.
La valeur numérique simple de ce verset est 1.476. Mais si l’on ajoute les Taguim — ces petites couronnes qui surmontent certaines lettres — on atteint 1.623. Ces Taguim ne sont pas de simples ornements esthétiques : elles ont un rôle actif. Elles éclairent le niveau de lecture, elles l’élèvent au niveau supérieur.
ישראל | אלהי | אל | לו | ויקרא | מזבח | שם | ויצב | ||
Guematria : 1.476 | = | 541 | 46 | 31 | 36 | 317 | 57 | 340 | 108 |
Taguim : 147 | = | 4×7=28 | 2×7=14 | 0 | 0 | 2×7=14 | 5×7=35 | 3×7=21 | 5×7=35 |
Somme : 1.623 | = | 569 | 60 | 31 | 36 | 331 | 92 | 361 | 143 |
C’est la seule fois dans tout le livre de Berechit qu’un verset, en valeur numérique simple ou enrichi des Taguim, atteint cette valeur.
Ce n’est évidemment pas un hasard : le moment, le lieu et le contenu du verset sont très révélateurs. Il intervient immédiatement après le retour de Yaaqov d’exil, lorsqu’il entre de nouveau en terre de Kenaân, futur Israël. Il y achète sans délai une parcelle de terre, y érige un autel, et sanctifie le lieu au nom d’Hachem. Cet acte semble entériner l’aboutissement de ce processus d’unification : les trois dimensions d’Israël sont à présent réunies dans le but final de servir Hachem en Terre d’Israël.
Peu après, Benjamin/Binyamin naît – le douzième fils, celui qui parachève la constitution du peuple Israël dans son ensemble.
Ce verset (Vayichal’h 33,20), cette valeur 1.623, cette synchronisation ne sont pas le fruit du hasard. Les mots, les lettres, les Taguim, les valeurs numériques (énergétiques) nous parlent. Tout nous confirme que l’identité d’Israël n’est “pleine” ou “entière” (שלם) que lorsque ces trois dimensions sont réunies – et cela ne peut donc se réaliser que sur la Terre d’Israël.
En exil, Israël reste un individu, porteur du potentiel, mais amputé des deux autres composantes essentielles. Hors de sa terre, Israël est en quelque sorte déconnecté de sa finalité, empêché d’accomplir pleinement son rôle particulier.
Voici une première unité dévoilée : l’ultime Racine « totalisante »[4], Jacob/Yaaqov יעקב le troisième Patriarche, une Nation et son Peuple ainsi qu’une Terre, (ré)unis dans un nom : ישראל (Israël).
[1] בראשית/Béréchit (Au Commencement) 32,29 qui est le 957ième verset de la Torah. Il aura donc fallu « accomplir » 956 versets à la Torah pour enfin dévoiler explicitement le nom Israël/Yisraël ישראל. Nous reparlerons de ces 2 chiffres dans cette étude. Notons que la valeur numérique de « à/pour vos Pères/laavotéykha לאבתיך » en tenant compte de la dernière lettre, ך/כ, en tant que lettre finale (voir tableau 1), ainsi qu’en tenant compte des Taguim (voir tableau 4), est 957.
[2] Il est important de rappeler qu’à ce stade le 12ème fils de Yaaqov n’est pas encore né. En effet, בנימין/Binyamin Benjamin est sur le point de naître. Il naîtra 48 versets plus loin. Il est le seul des 12 fils d’Israël qui est né en terre d’Israël, après avoir été conçu en dehors d’Israël.
[3] « ויצב שם מזבח ויקרא לו אל אלהי ישראל » : 108+340+57+317+36+31+46+541=1.476
[4] L’ultime Racine totalisante : voir la cinquième unité (unité des trois Pères et de leur Sephirah respective).