« ויקראו שמו עשו »

« Et ils appelèrent son nom Essav (Esaü) » (Berechit, Toldot, 25,25).

Paix/Chalom שלום et Esaü/Êssav עשו

Comme cela a déjà été rapporté, selon l’enseignement général des Sages d’Israël, lorsque 2 « mots » possèdent chacun la même valeur numérique, ou la même charge énergétique, ils ont dès lors un rapport l’un avec l’autre. Si l’on peut s’exprimer ainsi, ils sont comme « intriqués ». Ils ne sont pas forcément identiques et sont d’ailleurs possiblement antagonistes, mais ils sont liés d’une manière ou d’une autre (voir à ce sujet cet enseignement du Sepher Yetsirah en cliquant « ici »).

Or, paix שלום/Chalom et Esaü עשו/Êssav ont tous les deux pour valeur numérique 376.

ם ו ל ש
376 = 40 6 30 300
ו ש ע
376 = 6 300 70

La Torah va renforcer ce lien intime entre Paix/Chalom et Esaü/Êssav par une allusion surprenante. En effet, le poids numérique du verset qui relate la naissance de Esaü/Êssav vaut 3.076. Ce verset se trouve dans Berechit 25,25 (section Toledot) :

« ויצא הראשון אדמוני כלו כאדרת שער ויקראו שמו עשו »

« Et il sortit le premier roux tout entier comme une pelisse de cheveux et ils appelèrent son nom Esaü »

עשו שמו ויקראו שער כאדרת כלו אדמוני הראשון ויצא
3.076 = 376 346 323 570 625 56 111 562 107

Le cœur de ce verset est Esaü עשו/Êssav. Le nom qu’on lui donnera clôture le verset. Mais son nom est également écrit de manière allusive. En effet, on peut observer que les initiales des 3 derniers mots du verset, à savoir « ויקראו שמו עשו » «  et ils appelèrent son nom Esaü » sont les lettres de son nom.

Ces 3 initiales sont donc le nom « Esaü עשו/Êssav » mais elles apparaissent « en miroir ». Nous avons donc 2 occurrences de son nom ; l’une « à l’endroit » et l’autre, « occultée », « à l’envers » : ושע  ↔ עשו.

Nous sommes donc face à un double flux. Le premier qui « embrasse » le mouvement naturel de la vie et l’autre qui le remonte. Cette fin du verset, que l’on pourrait aussi considérer comme le « talon » du verset, semble nous inviter à observer cette section en considérant les flux « énergétiques » en action dans une sorte « d’aller-retour ».

En hébreu, « initiales des mots » se dit « ראש(י) תבות roch (rachéi) tévot », ce qui signifie littéralement « tête des mots ». Le mot « tête » se dit donc « ראש roch ».

La tête est la partie la plus haute du corps. Elle contient le cerveau qui dirige tout le corps. Elle n’est pas en contact avec le sol. A l’opposé, le talon est la partie la plus basse du corps. De surcroit, le talon est la partie du corps la moins sensible. Il est en contact « permanent » avec le sol. Le talon se dit « עקב êqev ».

D’une certaine manière, les initiales sont aux mots ce que la tête est au corps et les lettres finales sont aux mots ce que le talon est au corps.

Retournons au début de la Torah, au chapitre 3 verset 15. Voici les 6 derniers mots de ce verset :

« הוא ישופך ראש ואתה תשופנו עקב »

« il t’écrasera la tête et toi tu lui meurtriras le talon ».

Le Rav Rabi Chelomo Efrayim ben Aharon ע’ה (1550-1619), nous ramène dans son oeuvre « כלי יקר Keli Yaqar/Récipient précieux » un commentaire édifiant sur cette fin de verset. Je n’en ramène ici que quelques « gouttes », évidemment.

Il nous explique notamment que le talon représente la fin et la tête le début. Il nous enseigne que si nous laissons le « יצר הרע yester harâ » c’est-à-dire le « penchant au mal » s’installer en nous, ce dernier se renforcera évidemment de jour en jour. Si l’homme combat son « penchant au mal » « à la tête », c’est-à-dire dès le début, dès qu’il vient vers lui, alors l’homme le vaincra facilement. Par contre, si on le laisse s’installer lentement, jour après jour, alors il sera très difficile de le vaincre (à l’instar du venin du serpent qui commence par « toucher » le talon, puis s’étend et se répand en provoquant des ravages jusqu’à la tête).

Il nous dit encore, je cite : « L’être doué de bon sens prendra garde lorsque son mauvais penchant viendra le rendre impur ‘dans ses bords’, à savoir l’endroit le plus bas comme le talon. Il remontera de là et ne cessera de s’élever (jusqu’à la tête) ».

(Miqraoth Guedolot, Berechit 3,15 ; pages 159 et 161).

Maintenant que nous avons planté une partie du décor, voyons dans les grandes lignes ce que nous dit la Torah au sujet de Esaü עשו/Êssav.

Il est petit fils d’Abraham/Avraham אברהם et fils de Isaac/Yits’haq יצחק. Son frère jumeau n’est autre que Jacob/Yaaqov יעקב.

La Torah nous apprend aussi que Esaü/Êssav est אדום Édom (Berechit 36,1 section Il envoya/Vayichal’h) :

עשו הוא אדום

Êssav est Edom

Et aux Sages de nous enseigner que Édom, c’est Rome c’est-à-dire l’Occident. La véritable racine de l’Occident son père est donc Esaü/Êssav (Ibid. verset 9) :

עשו אבי אדום

Êssav, père d’Edom

Les Sages d’Israël nous enseignent que Esaü/Êssav est un chasseur mais aussi un guerrier. Ils nous enseignent qu’il est un véritable scélérat. Il est le mal.

Rachi (Rabi Chelomo ben Yts’haq, Troyes 1040-1105) nous enseigne sur Sota 10b (voir le Sforno, Rabi Ôvadya ben Yaâqov Sforno, 1470-1550, Miqraoth Guedoloth Berechit 3,1 page 143) que :

« סמא’ל שהוא שר של אדום »

« Sa’maël c’est lui qui est le prince (le représentant céleste) de Edom ».

Or, Sa’maël est le « Sa’tan » en personne ! Le « Sa’tan » lui-même ! Si suspens il y avait, il vient instantanément de s’évaporer. En effet, avec ce commentaire de Rachi, tout est dit !

Alors, comment comprendre cette proximité troublante entre Esaü (Êssav) et la Paix (Chalom) ? Leur lien numérique/énergétique pourrait faire croire au lecteur inattentif — ou mal intentionné — qu’Esaü incarne concrètement la paix dans ce monde, qu’il en serait même le porteur. Mais c’est tout l’inverse.

L’Histoire le confirme avec une brutalité implacable : Esaü, c’est l’Occident. Et l’Occident a massacré un nombre incalculable d’hommes, de femmes et d’enfants, toutes origines confondues. Les faits sont là, gravés dans le sang : Hébreux, Africains, Indiens, Européens… aucun continent n’a échappé à ses guerres, ses conquêtes, ses pillages. Il a tué hier, il tue aujourd’hui, et tout montre qu’il n’a aucune intention de s’arrêter.

Dire le contraire, en 2025, c’est soit fermer volontairement les yeux, soit sombrer dans l’aveuglement, la naïveté ou la malhonnêteté. Rien de nouveau sous le soleil : le rouleau compresseur continue, implacable.

L’Histoire, froide et méthodique, ne fait que confirmer les avertissements donnés depuis des millénaires par la Torah et les Sages d’Israël. Et malgré toute la concurrence criminelle qu’a pu produire l’humanité, Édom — c’est-à-dire Esaü — semble bien être le champion toutes catégories, le plus grand criminel que la Terre ait porté.

Alors oui, si l’on prend au sérieux les guematriot, il y a de quoi s’interroger : comment un menteur, un débauché, un meurtrier, pourrait-il porter en lui la charge énergétique de l’une des vertus les plus pures et les plus élevées ?

Esaü (Êssav) est aussi le grand-père d’Amalec (Âmaleq, עמלק). Or, la Torah nous ordonne clairement, dans Devarim 25,19 :

« תמחה את זכר עמלק מתחת השמים לא תשכח »
« … tu effaceras le souvenir d’Amaleq de dessous le ciel : ne l’oublie pas. »

Ne serait-ce pas là une première piste pour éclairer ce lien numérique apparemment paradoxal entre Chalom (paix) et Êssav ? On pourrait en déduire que la paix véritable ne sera possible qu’une fois Amaleq — ce petit-fils d’Esaü — éradiqué de la surface de la terre, sans retour possible. Vu sous cet angle, le code numérique associé à la paix prend un sens : celle-ci ne peut exister que par l’anéantissement de celui qui incarne son exact contraire, l’anti-paix absolue.

Cependant, cette lecture reste insatisfaisante. Car ici, on projette la charge énergétique de 376 (celle d’Esaü) sur Amaleq, qui ne la possède pas. Amaleq n’est pas Êssav ; il est enraciné en lui, il en est une branche, pas le tronc.

Deux de nos Maîtres nous livrent des enseignements saisissants sur le verset qui relate la naissance d’Esaü/Êssav (Miqraoth Guedoloth vol. 3, Berechit section Toledot, page 18, 19 et 21) :

Rachi commente :

« Roux » — indication qu’il versera le sang.

Le Keli Yaqar (que nous avons déjà cité plus haut) ajoute :

« Et il sortit le premier roux tout entier » — c’était le signe qu’il serait un chasseur rusé, pour tromper son père à la manière des hypocrites qui se montrent modestes (humbles) en apparence. Il se dira “nazir” (consacré à Eloqim/D.ieu), mais fera partie de la secte des hypocrites… et fréquentera les prostituées.

Le Prophète Obadia (Ôvadya, עבדיה) parle lui aussi, sans détour, de Édom–Êssav. Il décrit ce qui adviendra de lui à la fin des temps dans un texte d’une clarté et d’une rigueur glaciales — un message aussi bref qu’implacable. Son livre ne compte qu’un seul chapitre, composé de 21 versets, 291 mots, et 1 119 lettres.

Or, ces 1 119 lettres ont un poids numérique total de 72 792.

Voici un détail interpelant : ce nombre se décompose en 337 × 216, les deux diviseurs médians des 32 diviseurs que compte 72 792.

  • 337 correspond à la guématria du mot שְׁאוֹל (Chéol), l’Enfer.

  • 216 correspond à גְּבוּרָה (Guevourah), la Force ou Rigueur.

Le code numérique est limpide : à la fin des jours, Édom–Êssav sera frappé par une combinaison implacable, la fusion de l’Enfer et de la Force la plus rigoureuse. L’image parle d’elle-même.

Et ce n’est pas tout : Guevourah est le nom d’une des dix Sephirot. Le Zohar nous enseigne qu’elle se trouve du côté gauche, celui de la dure rigueur. Elle est liée à notre Père Yits’haq (יצחק), auquel est attribuée la notion de פחד (pa’had), la peur (voir notamment le cours audio Rav Michael Sebban, Pardes Rimonim, I Portique dix et non neuf 10/10).

Tout s’emboîte parfaitement : les chiffres, les mots, et le message prophétique convergent pour former un tableau d’une cohérence lumineuse.

Ainsi, comme le disent les Sages d’Israël dans le Zohar et à travers de nombreux commentateurs, la valeur numérique d’Esaü/Êssav (עשו) met parfaitement en lumière son hypocrisie.

La paix (Chalom, שלום) est, sans conteste, l’une des plus hautes vertus à atteindre pour vivre dans l’équilibre, l’apaisement et la joie. Mais lui, Êssav, se drape de cette noble apparence. Il se présente aux yeux du monde comme le porteur de la paix, habillé de « l’énergie » même de Chalom. En réalité, il n’est que mensonge, débauche, perversité, violence, meurtre et massacre.

Aujourd’hui, à l’ère de l’« hypra-médiatisation », cette hypocrisie est criante. La frénésie — voire la rage — des dirigeants à vouloir contrôler tous les leviers médiatiques et économiques met à nu cette perversion du langage, surtout quand il est question de paix. Regardons-les : ces dirigeants du monde, avec l’Occident en tête (USA, OTAN, OMS, Union européenne), agissent avec une hystérie et une folie décomplexées. Plus aucune retenue, plus aucune vergogne. Un culot effronté. Le phénomène est-il devenu tellement visible qu’il en devient aveuglant ? Trop flagrant pour être perçu par « beaucoup » ?

Le roi David nous dit dans le Tehilim 28 au verset 3 (Psaume 28,3) :

« אל תמשכני עם רשעים ועם פעלי און דברי שלום עם רעיהם ורעה בלבבם »

« Ne m’attire pas avec les criminels et avec les ouvriers (du) mal, (qui) parlent (de) paix avec leur proche(-ain) et (le) mal (est) dans leur coeur » .

Ce verset, qui dénonce avec une précision chirurgicale cette hypocrisie, est… le 376ᵉ verset de tout le livre des Psaumes. 376 : la valeur numérique de Chalom et d’Êssav.

La Torah nous avertit depuis plus de trois mille ans. Rien de nouveau sous le soleil : seuls changent les décors, les outils, et les armes médiatiques de destruction massive.

Comme nous l’avons déjà fait, portons maintenant notre regard sur le principe du rayon incident et du rayon réfléchi appliqué à Chalom 376, et à son image en miroir 673.

Or, 673 n’est autre que… le 123ᵉ nombre premier (voir dans la rubrique Tableaux les notes importantes sur les nombres premiers). Et le mot « guerre » (Mil’hamah / מלחמה) possède justement pour guématria 123 :

מלחמה = מ (40) + ל (30) + ח (8) + מ (40) + ה (5) = 123

Les mots bibliques, portés par leurs charges numériques et vibratoires, dévoilent la mécanique profonde du monde… et de l’homme. Ici, la révélation est saisissante : paix et guerre sont comme les deux faces d’un même miroir.

Lorsque la paix se regarde, elle aperçoit la guerre. Lorsque la guerre se regarde, elle aperçoit la paix.

En hébreu, ces deux mots se trouvent reliés par ce fil invisible qui serpente à travers les sentiers mystérieux des nombres premiers. Ils sont indissociables, liés par une opposition complémentaire, comme le flux et le reflux. N’est-ce pas, au fond, ce que sous-tend l’antique adage latin : Si vis pacem, para bellum — « Si tu veux la paix, prépare la guerre » ?

Tout devient limpide : Êssav est la racine occidentale, son identité essentielle. Son représentant céleste n’est autre que le Sa’tan lui-même. Menteur, hypocrite, séducteur, il se pare des vertus les plus nobles, et surtout de la plus inatteignable : la paix. Il la brandit comme un étendard, il s’en couronne, il se pavane devant les nations revêtu de la plus inaccessible et la plus noble d’entre elles.

Mais, dans l’intimité de son être, dans la sournoiserie de son cœur, il n’est que fourberie et escroquerie. Il n’est que menteur et meurtrier. Il n’a de dessein que celui d’assouvir ses désirs portés par ses pulsions les plus malsaines et les plus nauséabondes. En réalité, dans son essence, il est « guerre » !