« אור ישר ואור חוזר »

« Lumière droite et lumière ‘réfléchie‘ (חוזר : ‘qui revient’) » (Rayon incident, rayon réfléchi)

(Les 138 Portes de la Sagesse, porte 16, Ram’hal, Rabi Moché ‘Hayim Luzato, 1707-1746)

« ממעלה למטה ו)ממטה למעלה) »

« (De haut en bas et) de bas en haut »

(Pardes Rimonim, Portique 15, Ramaq, Rabi Moché Qordovero, 1522-1570)

Rabbi Chimôn bar Yo‘haï nous enseigne que le monde matériel n’est qu’un croquis, un reflet voilé du monde spirituel.

Or, en 2025, nous pouvons affirmer que notre réalité physique est loin d’être simple à décrypter. Elle obéit à des lois métaphysiques contre-intuitives, échappant à la logique linéaire du sens commun.

L’histoire de la science le prouve :
Les « vérités » scientifiques, proclamées comme définitives à un moment donné, ne sont bien souvent que des paliers provisoires, des marchepieds vers une compréhension plus fine, plus profonde, plus nuancée.
Et parfois même, ces vérités s’avèrent être des erreurs élégamment formulées, destinées à être rangées dans les couloirs de l’oubli, remplacées par d’autres, plus précises, mais elles aussi transitoires.

Cela nous enseigne une double leçon :
D’un côté, la science progresse à pas de géant, ses découvertes sont remarquables, étonnantes, bouleversantes.
D’un autre, cette progression elle-même doit nous inspirer humilité : si déjà le monde physique est si complexe, que dire alors du monde spirituel, ou du monde psychique, intérieur, invisible, et pourtant si déterminant ?

Lorsque la lumière, réfléchie par les objets, pénètre dans nos yeux, l’image qui se forme sur la rétine est… inversée. Et pourtant, nous percevons le monde à l’endroit. Entre l’œil et le cortex visuel, un mécanisme redresse l’image. Il agit sans que nous en soyons conscients, et sans que nous puissions ni l’activer ni l’interrompre.

Ce phénomène physiologique est porteur d’un enseignement profond : la réalité brute ne nous parvient jamais telle qu’elle est ; elle est déjà retravaillée, recomposée, ajustée par un processus qui nous dépasse. Et si cela est vrai pour la vision matérielle, combien plus encore pour notre lecture des événements, ou pour notre perception de la réalité spirituelle et notre rapport à l’invisible.

Cette leçon dépasse la vue. Tout notre corps est régi par des mécanismes d’une précision incroyable, autonomes et « inarrêtables » : la pousse de nos cheveux, le renouvellement cellulaire, la purification du sang, la digestion, la transformation et l’évacuation de nos déchets… Une orchestration intérieure constante dont nous ne sommes ni les maîtres ni les auteurs.

Nous croyons voir, savoir, comprendre. Mais la plupart du temps, nous n’apercevons que la “version redressée” que notre esprit veut bien nous présenter, ou que notre « égorgueil » (alliage toxique d’égocentrisme et d’orgueil démesuré) supporte. Cette image intérieure est alors tordue, distordue par nos peurs, nos désirs, nos rancunes…

Ainsi, le mécanisme du regard physique est aussi une parabole : il faut accepter que notre perception du monde et de la vie soit incomplète et donc imparfaite.

En vérité, nous ne contrôlons rien. Et c’est peut-être là la première étape vers la חכמה – Hokhmah – Sagesse : reconnaître que, derrière le voile de nos perceptions et de nos illusions, la Vie est tenue par une main qui n’est pas la nôtre, et qui redresse tout à Son heure.

Dans la Torah, cette inversion et ce redressement se retrouvent, se rejoignent, fusionnent.

Ce principe du « à l’envers – à l’endroit » se manifeste déjà, de façon allusive et magistrale, dans la toute première lettre de l’alphabet hébraïque : le Alef (א). Lettre de l’unité et de l’origine, sa valeur numérique est 1.

Mais sa calligraphie traditionnelle nous dévoile un enseignement mystique d’une grande portée : un trait diagonal — le Vav (ו) — relie deux Yodin (י). Celui du haut est à l’endroit et celui du bas est inversé, à l’envers, en « miroir ».

Ce schéma évoque un flux circulaire, ascendant et descendant, une dynamique de « aller-retour » où l’énergie et l’information circulent sans relâche.

En additionnant ses composantes — Yod (10) + Vav (6) + Yod (10) — on obtient 26, valeur numérique du Nom ineffable d’Hachem (יהו-ה : 10+5+6+5).

Ainsi, dès la première lettre de l’alphabet hébreu, Hachem (ב’ה) nous place immédiatement face à un symbole qui unit le haut et le bas, et qui porte en lui le sceau même de l’Unité « parfaite ».

À l’image de notre cerveau qui, en un éclair, redresse et fusionne automatiquement les images inversées reçues par nos yeux, pour nous offrir une perception droite du monde, nous allons maintenant mettre en mouvement ce principe du « rayon incident – rayon réfléchi ». (Voir cet exemple de « mise en mouvement » du rayon incident – réfléchi dans le cours du Rav David Menache ז״ל, entre la 5ᵉ minute et 18 secondes et la 6ᵉ minute environ : lien youtube).

Portons d’abord notre regard sur un mot-clé, un concept fondamental : חכמה – Hokhmah – Sagesse.

Nos Maîtres nous enseignent que les Mondes ont été créés par la Sagesse. Cette idée est exprimée clairement par le roi David ע״ה dans le Psaume 104, verset 24 :

« מה רבו מעשיך יהו-ה כלם בחכמה עשית »

« Comment grandes sont Tes oeuvres Hachem/יהו-ה toutes avec (dans/par) Sagesse/בחכמה Tu les as faites »

Le Ramban (Rabi Moché ben Na’hman, 1194–1270), dans son commentaire sur le premier mot de la Torah — « בראשית » (Au commencement) — enseigne que :

« חכמה שבה יסוד כל »

« …Dans la Sagesse réside le fondement de tout. »

Ce principe trouve aussi un écho dans Michlei (Proverbes) 3:19 :

« יהו-ה בחכמה יסד ארץ »

« Hachem/יהו-ה avec (dans/par) Sagesse/בחכמה a fondé (la) terre »

Si la Sagesse est bien le fondement de toute la Création, on pourrait s’attendre à la voir figurer dès les premiers versets de la Torah, au commencement.

Et pourtant… le mot חכמה n’apparaît ni dans le verset d’ouverture, ni dans les premiers chapitres de Béréchit.

En réalité, חכמה — tel quel — ne se trouve qu’au 2293ᵉ ou 2294ᵉ verset de la Torah, c’est-à-dire bien après le début, déjà dans le deuxième livre, Chémot (Exode).

Comment expliquer cette absence apparente ? Où se cache donc חכמה, cette lumière première, ce rayon originaire censé illuminer toute la Création ?

Il est évident qu’il ne fait aucun doute que חכמה est bel et bien présente dès l’origine — mais sous forme d’empreinte, de trace, d’un rayonnement implicite. Elle n’est pas absente : elle est voilée, discrète, codée.

Le mot חכמה possède une valeur numérique (ou énergétique) de 73 :

ח (8) + כ (20) + מ (40) + ה (5) = 73

Le “reflet” numérique de 73 — son miroir — est donc 37.

Si l’on considère, comme nous l’avons vu plus haut, que les flux de lumière et de sagesse circulent dans un double mouvement — descendant (incident) et ascendant (réfléchi) — alors le couple 73–37 illustre parfaitement ce va-et-vient énergétique :

7
3

Ce principe du va-et-vient, du « aller-retour », est central dans la tradition hébraïque. Le Sepher Yetsirah, au chapitre 1, enseigne à propos des 10 Sephirot :

« נעוץ סופו בתחילתו ותחילתו בסופו כשלהבת קשורה בגחלת »
« Leur fin est enchâssée dans leur commencement, et leur commencement dans leur fin — comme la flamme liée à la braise. »

Fusionnons maintenant ces deux valeurs — 73 et 37 — lumière directe et lumière réfléchie, multiplions-les :

73 × 37 = 2701

Or 2701 est exactement… la valeur numérique du tout premier verset de la Torah

« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »

« Au commencement, Elohim créa le ciel et la terre » (Genèse / Béréchit 1:1)

הארץ ואת השמים את אלהים ברא בראשית
2.701 = 296 407 395 401 86 203 913

Ainsi, la Sagesse — חכמה — même si elle n’apparaît pas explicitement dans les premiers versets, s’y trouve pourtant présente : numériquement, énergétiquement, structurellement. Non nommée, mais pleinement agissante. Elle est le code source dissimulé au cœur des lettres, le fondement invisible qui porte et soutient le visible.

Rappelons-nous ce que nous avons exposé dans « Unité 3 : Le temps et le non-temps », à propos d’Israël.

Le nom ישראל (Israël), lorsqu’il se déploie deux fois, diffuse la même énergie 2701 (73 × 37) et tout le réseau de significations que ce nombre porte.

541 ל א ר ש י
1.075 למד אלף ריש שין יוד
2.701 למד מם דלת אלף למד פה ריש יוד שין שין יוד נון יוד ואו דלת

Israël puise à la lumière première, celle qui transcende le temps, qui précède le temps linéaire. Il y est comme intriqué, intimement lié. Israël agit tel un vecteur de la חכמה (Hokhmah), un point de connexion entre le visible et l’invisible, entre le haut et le bas, entre le temps et le non-temps.

חכמה – « Une sagesse comme le cerveau »

En hébreu, le mot חכמה (Hokhmah / Sagesse) peut être combiné selon les 24 permutations des lettres hébraïques (צירופי האותיות).
L’une de ces permutations est :

« כהמח » (Kéhamo’aḥ) — littéralement : « comme le cerveau ».

Le lien est saisissant.

La Sagesse n’est pas seulement un concept abstrait ; elle est processus, réception, organisation de l’information, transmission énergétique — comme les fonctions du cerveau.

כה – Une allusion subtile à Hachem

Par ailleurs, les deux lettres כ (20) et ה (5) — soit 25 — forment ensemble כה, et ce sont précisément les deux premières lettres inscrites en plus petits caractères dans le Sefer Torah, dans le livre de Béréchit. Elles forment une allusion directe à Hachem, et à un mystère divin contenu dans la discrétion.

Nous y reviendrons plus en détail, בע״ה (avec l’aide d’Hachem).

La חכמה – ‘Hokhmah – Sagesse : née du rien

La חכמה – ‘Hokhmah – Sagesse, est le fondement même de la Création. Dès le premier verset de la Torah, « בראשית ברא אלהים »« Au commencement, Dieu créa… » (Béréchit 1,1), apparaît le verbe ברא – bara, « Il créa ».

Nos Maîtres nous enseignent que ce verbe est unique : il désigne une création ex nihilo, à partir de rien. C’est une création absolue, radicale, sans antécédent. Le Ramban (Rabbénou Moché ben Naḥman) précise que seuls les cieux et la terre ont été créés de cette manière — tout le reste découle, se façonne ou se transforme.

Or, il est dit dans le livre de Job (Iyov 28,12) :
« והחכמה מאין תמצא« 
« Et la sagesse d’où sort-elle ? » Autre lecture : « Et la sagesse du néant (אין) elle sort. »

La חכמה, sagesse fondatrice, vient du אין – du néant. Cela atteste de sa présence dès le premier verset, dès le premier mot, dès la première lettre.
(voir rubrique Explorations : rayon incident, rayon réfléchi)

La valeur numérique du « rien » : אין

Regardons la valeur numérique du mot אין – rien :

  • א = 1

  • י = 10

  • ן = 50
    ➡ Total : 1 + 10 + 50 = 61

Appliquons maintenant au mot אין la méthode du Riboua (construction pyramidale) comme expliqué dans « Israël Un : Prémices » :

  • א → 1

  • אי → 1 + 10 = 11

  • אין → 1 + 10 + 50 = 61

➡ Total du Riboua : 1 + 11 + 61 = 73

A nouveau : 73, valeur numérique de חכמה – ‘Hokhmah – Sagesse, qui émerge de la Création ex nihilo (ברא – bara, « Il créa »).

Du néant à la sagesse

Construire le « rien » (אין) comme un édifice stable, une pyramide intérieure, révèle la sagesse.
C’est là un message profond de nos Maîtres : la ‘Hokhmah ne s’acquiert pas par simple apprentissage. Elle se reçoit.

Elle est un don, un rayonnement que Hachem déverse dans un récipient prêt à la recevoir.

Et quel est ce récipient ? L’humilité.

Accéder à l’humilité véritable demande un effort considérable, presque inhumain.

Comme Moché Rabbénou ע »ה, décrit comme « le plus humble des hommes », celui qui se construit dans le « rien », celui qui se vide de son « égorgueil » (égo & orgueil) malsain, devient apte à recevoir cette sagesse transcendante.

Ainsi, construire son אין — son « néant » intérieur — c’est ériger l’espace duquel peut émerger la חכמה – ‘Hokhmah, don d’Hachem.

Une notion simple, mais résistante à l’explication

Nous allons maintenant tenter d’enrichir notre réflexion avec une notion apparemment simple, mais en réalité délicate à exposer.

Comme souvent, la simplicité véritable résiste à l’analyse.
Elle repousse l’intellect, comme si elle exigeait une perception plus fine, plus subtile, plus intérieure.

Il en est des notions essentielles comme de certaines vérités :
elles se cachent non pas dans le complexe, mais dans l’évident.

La Création : un modèle structuré, rigoureux, absolu

Dès ses premiers versets, la Torah nous enseigne que le monde est structuré.
La Création ne surgit pas dans le chaos, mais suit un processus ordonné, précis et limité :

Un jour après l’autre.
Chaque jour reçoit sa création propre, sa mission, sa place.

La Torah se présente donc comme le mode d’emploi de l’univers.
Et ce premier modèle de structuration est bien plus qu’un récit : c’est un archétype, un modèle-type, un idéal ontologique, une matrice absolue.

L’Homme : invité à s’inscrire dans ce modèle ascensionnel

L’être humain est ainsi appelé à s’inspirer de ce processus de structuration progressive, à s’inscrire dans cette dynamique d’ordre et d’élan vers la complétude.

Chaque processus existentiel — qu’il soit physique, psychique, moral ou spirituel — doit :

  • Être progressif
  • Être ascensionnel
  • Être cohérent et sans vide
  • Respecter l’ordre des étapes
  • Être scellé dans la continuité, sans retour en arrière ni saut de phase

Comme pour une maison, on ne bâtit pas le deuxième étage avant d’avoir coulé les fondations.
De même, aucun jour de la Création n’est « posé » tant que le précédent n’est achevé, validé, scellé.

Chaque jour est une particule du Tout, une brique dans l’édifice de la Création. Mais, ensemble, jour 1 et 2ème jour forment un premier « tout intermédiaire », et ainsi de suite.

1 à 7 : une structure numérique et symbolique

Le processus de la Création se déploie en 7 jours :
6 jours d’action + 1 jour de complétude/sanctification.

Il en ressort une structure visible :

La suite des entiers naturels de 1 à 7 :
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 = 28

Or, 28 n’est pas un chiffre quelconque.

28 = כח (Ko’aḥ / Force)

En hébreu, כח (Ko’aḥ) signifie force :

כח ח כ
28 = 8 20

Les deux lettres כח  sont également… les deux premières lettres du mot חכמה (Sagesse) !

7 mots, 28 lettres : la signature (visible) du commencement

Ce couple 7–28 apparaît dès le tout premier verset de la Torah :

« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »
7 mots, 28 lettres.

Cela ne peut être fortuit.

Il y a ici une architecture chiffrée, une structure mathématique et spirituelle qui relie :

  • Le processus de Création
  • La série des jours
  • La force (le potentiel) « qui émane » de la sagesse
  • Et le verset fondateur de toute la Torah

Rien, absolument rien, n’est anodin dans la Torah חס ושלום.

Vers חכמה : intégrer la sagesse dans la structure

À présent, revenons à חכמה (Sagesse) à la lumière de cette architecture.
Que se passe-t-il si nous appliquons ce modèle de progression ordonnée et ascendante à חכמה elle-même ?

De 1 à 73 : une montée vers la Sagesse

Inspirés par le modèle structurant des 7 jours de la Création, construisons une progression mathématique qui s’en inspire.
Prenons la valeur numérique de חכמה (Sagesse/’Hokhmah), soit 73, et additionnons un à un tous les entiers naturels qui mènent jusqu’à elle :

∑1 à 73 = 1 + 2 + 3 + … + 71 + 72 + 73 = 2.701

Émerveillement !

2.701 : valeur numérique du tout premier verset de la Torah !

« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »

La Sagesse, fondement de toute la Création selon le Roi David, le Roi Salomon et tous les Sages d’Israël, est donc littéralement enchâssée dans le tout premier souffle textuel de la Torah.

« ראש דברך אמת / Roch Devarekha Émèt – La tête de Ta parole est Vérité »

Comme nous l’avons déjà rapporté, le roi David nous enseigne dans le Tehilim (Psaume 119, verset 160) :
« ראש דברך אמת / Roch Devarekha Émèt – La tête de Ta parole est Vérité. »

En hébreu, les initiales des mots se disent « rachei teivot / ראשי תיבות », littéralement : « les têtes des mots ».
Ce verset nous suggère donc, de manière allusive et puissante, que les initiales portent en elles la Vérité.
Elles sont au commencement, en hauteur, comme la tête de l’homme, qui contient son cerveau, ses sens, sa pensée.

Puisque la Sagesse (חכמה) est le fondement de la Création, pouvons-nous espérer retrouver sa trace dans ces initiales, là où tout commence ?

Prenons à nouveau le tout premier verset de la Torah :

« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »
« Au commencement, Elohim créa les cieux et la terre. »

Regardons à présent ses initiales : : בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ

בבאאהוה ה ו ה א א ב ב
22 = 5 6 5 1 1 2 2

Ce qui nous donne donc numériquement 22.

Et maintenant, tournons-nous vers la liste des nombres premiers, que nos Maîtres utilisent comme clés de lecture et de décryptage.

Quel est le 22ᵉ nombre premier ?
73 : חכמה / Hokhmah / Sagesse.

Ainsi, de façon silencieuse mais éclatante, la Sagesse se révèle une fois encore — non pas dans le corps du verset, mais dans sa tête, dans ses initiales, dans ce qui donne l’élan au mot, dans ce qui impulse le flux.

La Torah est un code, répètent nos Maîtres. Elle est structure, vérité, et mode d’emploi du monde.
Et comme l’a enseigné le Rav David Menaché זצ״ל, les nombres premiers sont des balises de lumière, des chemins cachés, qui nous guident dans ce décryptage sacré.

Où se cache encore la חכמה ?

Poursuivons. Approchons-nous encore plus près du tout premier instant.
Regardons de plus près le tout premier mot de la Torah :

« בראשית » / Berechit / Au commencement

Peut-on y retrouver une trace directe de חכמה ? Une empreinte énergétique ?

Pour cela, utilisons un regard particulier : la méthode appelée riboua / ריבוע, littéralement « le carré », que nous avons déjà utilisée dans le chapitre « Israël UN : Prémices ».

Pour rappel, cette méthode construit le mot comme une pyramide, étage par étage.

  • Elle ne considère pas le mot comme un tout immédiat, tombé d’un bloc dans notre réalité.
  • Elle suit la descente des lettres une à une, selon leur ordre d’apparition.
  • Chaque lettre vient s’unir à la ou les lettres précédentes pour former un nouvel étage.
  • À chaque niveau, on calcule la valeur numérique de l’étage, puis on cumule ces valeurs jusqu’à la dernière lettre, pour obtenir la valeur totale « riboua » du mot.

C’est une descente progressive, organisée, structurée — à l’image même de la Création.

Ce procédé reflète une rigueur extrême, une puissance d’ancrage. Les Maîtres d’Israël nous enseignent que cette méthode révèle la force du mot, sa rigueur.

Berechit selon riboua

Reprenons le mot בראשית  (Berechit), dont la valeur simple est 913 :

בראשית ת י ש א ר ב
913 = 400 10 300 1 200 2

Maintenant, construisons selon la méthode riboua :
chaque étage s’ajoute à l’autre dans l’ordre des lettres :

  1. ב = 2
  2. בר = 2 + 200 = 202
  3. ברא = 2 + 200 + 1 = 203
  4. בראש = 2 + 200 + 1 + 300 = 503
  5. בראשי = 2 + 200 + 1 + 300 + 10 = 513
  6. בראשית = 2 + 200 + 1 + 300 + 10 + 400 = 913

Maintenant, additionnons ces six étages :

2 + 202 + 203 + 503 + 513 + 913 = 2.336

Une fusion révélatrice : 2.336 = 32 × 73

Cette méthode ribouâ /ריבוע  appliquée au mot בראשית  nous mène donc à une valeur de 2.336.

Factorisons maintenant ce nombre :

2.336 = (25) × 73 = 32 x 73

N’est-ce pas étonnant, extraordinaire, de retrouver à nouveau, au tout départ de la Création, l’énergie 73, c’est-à-dire חכמה / Sagesse / ’Hokhmah ?
Mais cette fois-ci, cette Sagesse fondatrice fusionne avec un autre nombre : 32.

Pourquoi ?
Que signifie cette force 32 qui vient s’unir à la Sagesse dans ce moment primordial ?
Qu’est-ce que la Création veut nous signaler par cette union énergétique ?

Première clé : לב / Lèv / Le Cœur

Tout d’abord, 32, c’est la valeur numérique du mot לב / lèv / cœur :

ל (30) + ב (2) = 32

Cela seul pourrait suffire. Car quelle autre force que celle du cœur — siège du ressenti, du vivant, de la connexion intérieure — pouvait accompagner la Sagesse au moment de la mise en mouvement de la Création ?

Deuxième clé : 32 apparitions du Nom « Elo-him » au chapitre de la Création

Allons plus loin.

Nous avons expliqué que la méthode ribouâ révèle la rigueur, la puissance, la force contenues dans le mot.
Or, la Création a été accomplie par l’Attribut divin nommé :

« Elo-him / אלה-ים »

Ce Nom est celui de la rigueur (Din), de la structure, de la loi, de la puissance.

  • Et c’est ce seul Nom qui apparaît tout au long des 6 jours de la Création (Berechit chapitre 1).
  • Le Nom ineffable de miséricorde (YHVH / יהו-ה) n’apparaîtra qu’à partir du 7e jour (Berechit chapitre 2), jour du Chabat, où Elo-him « se repose ».

Maintenant, ce qui est absolument frappant :

Ce Nom Elo-him apparaît 32 fois dans le chapitre de la Création.

  • 32 apparitions du Nom de la rigueur.
  • Une fusion exacte avec la Sagesse / חכמה (73), révélée par la méthode ribouâ appliquée à בראשית.

Que nous enseigne cette fusion ?

  • Elle nous dit que les 6 jours de la Création sont sous le signe d’une Sagesse rigoureuse, ordonnée, architecturée.
  • Elle nous révèle que la Sagesse divine ne s’incarne pas dans une lumière flottante ou intuitive, mais dans une structure ferme, mesurée, exacte.
  • La troisième Séphirah qui reçoit la lumière émanée de חכמה / ’Hokhmah — la Sagesse — est בינה / Binah, le Discernement. Elle incarne la structuration intellectuelle, le développement rationnel de l’intuition première. Associée au cerveau gauche, elle est la racine de la rigueur, de l’analyse et de l’élaboration méthodique.

Troisième clé : 32 sentiers

Le « Livre de la Création (ou de la Formation) / ספר יצירה / Sepher Yetsirah » nous enseigne dès son premier chapitre :

« Par 32 sentiers mystérieux des mystères de la Sagesse, Il a gravé par eux… »
*(Traduction du Rav Michael Sebban, p. 16 – Sepher Yetsirah, Transcription & Traduction, MS. HEBREU 763)

Ainsi, dans le « Verger des Grenades / Pardess Rimonim », le Ramaq, Rabi Moché Cordovero, nous éclaire au Portique 4 :
« Parmi les trois cerveaux supérieurs, l’un est la חכמה / ’Hokhmah / Sagesse.
Et de cette dimension cérébrale, appelée précisément ’Hokhmah, émanent 32 sentiers : ce sont les 32 sentiers de la Création, mentionnés par le Sepher Yetsirah ».

Ce que révèle donc notre étude du tout premier mot de la Torah, בראשית, à travers la méthode ribouâ / ריבוע, c’est bien plus qu’une coïncidence numérique.

Le couple 73 / 32, dévoilé par cette construction, met en lumière — de manière allusive mais puissante — ces 32 sentiers qui sortent de la Sagesse, selon l’enseignement du Sepher Yetsirah.

Et donc, dans ce tout premier mot, gravé au seuil même de la Création,
nous trouvons déjà, en germe, les canaux premiers de l’Architecture du Monde,
les 32 sentiers mystérieux de la חכמה.