« אור ישר ואור חוזר »
« Lumière droite et lumière ‘réfléchie‘ (חוזר : ‘qui revient’) » (Rayon incident, rayon réfléchi)
(Les 138 Portes de la Sagesse, porte 16, Ram’hal, Rabi Moché ‘Hayim Luzato, 1707-1746)
« ממעלה למטה ו)ממטה למעלה) »
« (De haut en bas et) de bas en haut »
(Pardes Rimonim, Portique 15, Ramaq, Rabi Moché Qordovero, 1522-1570)
Rabbi Chimôn bar Yo‘haï nous enseigne que le monde matériel n’est qu’un croquis, un reflet voilé du monde spirituel.
Or, en 2025, nous pouvons affirmer que notre réalité physique est loin d’être simple à décrypter. Elle obéit à des lois métaphysiques souvent contre-intuitives, échappant à la logique linéaire du sens commun.
L’histoire de la science le prouve :
Les « vérités » scientifiques, proclamées comme définitives à un moment donné, ne sont bien souvent que des paliers provisoires, des marchepieds vers une compréhension plus fine, plus profonde, plus nuancée.
Et parfois même, ces vérités s’avèrent être des erreurs élégamment formulées, destinées à être rangées dans les couloirs de l’oubli, remplacées par d’autres, plus précises, mais elles aussi transitoires.
Cela nous enseigne une double leçon :
👉 D’un côté, la science progresse à pas de géant — ses découvertes sont remarquables, étonnantes, bouleversantes.
👉 D’un autre, cette progression elle-même doit nous inspirer humilité : si déjà le monde physique est si complexe, que dire alors du monde spirituel, ou du monde psychique, intérieur, invisible — et pourtant si déterminant ?
Leçon du regard : voir, c’est renverser…
Prenons un exemple simple et fascinant tiré de notre physiologie :
Quand la lumière réfléchie par les objets pénètre dans l’œil, l’image formée sur la rétine est… inversée.
Et pourtant, nous percevons le monde à l’endroit.
Cela est rendu possible par un processus neurologique fabuleux, qui — quelque part entre l’œil et le cortex visuel — corrige cette inversion, et redresse la réalité.
Ce phénomène est à la fois métaphore et enseignement profond :
Ce que nous voyons n’est pas ce qui est. Ce que nous croyons percevoir est déjà transformé, retourné, recomposé.
Et si cela est vrai au niveau de la vision matérielle, combien plus cela l’est-il au niveau de notre perception du réel, de notre lecture du monde, de notre compréhension de l’invisible.
Une mécanique prodigieuse… qui nous échappe !
Ce processus d’une sophistication inouïe — le redressement automatique de l’image visuelle — est tout simplement prodigieux.
Il fonctionne, agit, interagit de façon totalement autonome, invisible, inarrêtable.
Il s’impose à nous comme une mécanique souveraine, prestigieuse, troublante.
Et ce mécanisme n’est qu’un exemple parmi des milliers : tout notre corps est animé par des dynamiques fascinantes, subtiles, réglées avec une précision divine.
Quand tout se déroule harmonieusement, il règne en nous une forme de paix biologique, un équilibre interne, un shalom corporel — miraculeux dans sa régularité.
En réalité, nous ne contrôlons rien :
- La pousse de nos cheveux ou de nos ongles
- Le renouvellement cellulaire, aussi bien en surface qu’en profondeur
- La purification du sang
- La digestion, la formation, puis l’évacuation de nos déchets biologiques…
👉 Tout cela nous dépasse.
👉 Tout cela se fait sans nous.
👉 Et, malgré les avancées les plus brillantes de la science moderne… nous les subissons.
Qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou qu’on s’en défende, l’homme est soumis à une orchestration intérieure qu’il ne maîtrise pas et qu’il n’a pas choisie.
La vieillesse et la mort : le rappel implacable !
Aujourd’hui, nous savons combattre bien des maladies, prolonger la vie, repousser certaines limites biologiques.
Mais une question demeure :
Existe-t-il un homme — aussi riche, puissant, cultivé ou intelligent soit-il — capable d’échapper à la vieillesse ?
Existe-t-il un homme capable de contourner l’inéluctable réalité de la mort physique ?
Depuis la nuit des temps, certains hommes — en particulier ceux qui détiennent le pouvoir — poursuivent un « Graal » illusoire : celui de l’immortalité.
Cette quête trahit une peur, une tension, une faille. Elle révèle une angoisse existentielle profonde, souvent cachée derrière les apparences de contrôle.
Même si, parfois, cette recherche s’accompagne d’intentions sincères, il semble clair que dans la majorité des cas, elle est motivée non par une sagesse intérieure, mais par une forme d’ « égorgueil » — subtil mélange d’égocentrisme et d’orgueil démesuré.
Le pouvoir face à l’impuissance ultime…
L’homme de pouvoir ne supporte pas de perdre ce qu’il considère comme son bien le plus précieux : le contrôle, l’influence, la domination.
Or, la vieillesse et la proximité de la mort viennent lui rappeler, sans ménagement, sa fragilité, sa limite, sa petitesse.
Elles le déshabillent de ses illusions.
Il peut bien continuer à feindre, à afficher une toute-puissance aux yeux du monde…
Mais seul, face à lui-même, l’écho du vide intérieur le rattrape.
Un silence assourdissant résonne alors en lui — celui du rappel brutal de son insignifiance, de son simulacre de contrôle, de la finitude qu’il ne peut esquiver.
C’est là que l’arrogance se fissure, que la suffisance se délite, que l’ego se heurte au mur de vérité.
Lumière, perception et miroir intérieur
Nous constatons donc que, dès l’instant où l’information lumineuse pénètre dans l’œil humain, un processus d’inversion se déclenche automatiquement.
L’image reçue se forme à l’envers sur la rétine, mais est corrigée à l’endroit par notre cerveau — sans que nous ayons à le vouloir, ni même à en avoir conscience.
Ce mécanisme fascinant met en lumière un fait fondamental :
C’est le monde extérieur qui nous parvient inversé, et c’est notre monde intérieur — notre système visuel — qui le redresse.
Autrement dit, notre perception juste du réel dépend d’un retournement intérieur permanent, qui se produit en nous, par nous et sans nous !
Le rayon incident et le rayon réfléchi : loi optique, loi ontologique
Ce que la physique appelle le rayon incident et le rayon réfléchi — l’un qui entre, l’autre qui repart — nous traverse quotidiennement, habite notre chair et structure notre vision du monde.
À chaque instant, sauf maladie ou obscurité totale, notre existence est rythmée par ce va-et-vient de la lumière.
Ce principe miroir — ce jeu entre réception inversée et restitution redressée — n’est pas seulement un mécanisme biologique ou optique : c’est un archétype spirituel.
א Alef : la lettre de l’unité et du retournement
Ce principe du « à l’envers – à l’endroit » apparaît déjà, de manière allusive et magistrale, dans la première lettre de l’alphabet hébraïque : le Alef (א).
Lettre de l’unité et de l’origine, sa valeur numérique est 1.
Mais sa calligraphie traditionnelle nous dévoile un enseignement mystique d’une grande portée :
- Le trait diagonal central correspond à la lettre Vav (ו)
- En haut : un Yod (י) à l’endroit
- En bas : un Yod (י) à l’envers
Ce schéma — un flux diagonal traversé de deux Yodin, l’un tourné vers le haut, l’autre vers le bas — évoque un processus circulaire, ascendant et descendant, une dynamique de type « aller-retour », ou « va et reviens ».
Il s’agit donc d’une lettre qui porte en elle l’unité, mais une unité dynamique, vivante, traversée par le double mouvement de l’énergie et de l’information.
Guématria du Alef : 26, comme le Nom divin
Cette calligraphie du Alef révèle aussi une guématria cachée. En additionnant les composantes :
- Yod (10) + Vav (6) + Yod (10) = 26
Or 26 est la valeur numérique du Nom ineffable de Hachem :
יהו-ה = 10 + 5 + 6 + 5 = 26
Ainsi, le Alef — symbole de l’unité et de l’interaction entre les mondes — révèle et porte en lui le Nom divin.
Il est la synthèse du haut et du bas, du visible et de l’invisible.
Mettons en mouvement : le principe du « rayon incident – rayon réfléchi »
À l’image de notre cerveau, qui, en un éclair, fusionne automatiquement les images inversées reçues par nos yeux pour nous offrir une perception droite du monde [1], nous allons à présent mettre en mouvement ce principe du « rayon incident – rayon réfléchi ».
Portons, pour commencer, notre attention sur un mot-clé — un concept fondamental : חכמה – Hokhmah – Sagesse.
Nos Maîtres nous enseignent que les Mondes ont été créés par la Sagesse. Cette idée est exprimée clairement par le roi David ע״ה dans le Psaume 104, verset 24 :
« מה רבו מעשיך יהו-ה כלם בחכמה עשית » « Comment grandes sont Tes oeuvres Hachem/יהו-ה toutes avec (dans/par) Sagesse/בחכמה Tu les as faites »
Le Ramban (Rabi Moché ben Na’hman, 1194–1270), dans son commentaire sur le premier mot de la Torah — « בראשית » (Au commencement) — enseigne que :
« חכמה שבה יסוד כל » « …Dans la Sagesse réside le fondement de tout. »
Ce principe trouve aussi un écho dans Michlei (Proverbes) 3:19 :
« יהו-ה בחכמה יסד ארץ » « Hachem/יהו-ה avec (dans/par) Sagesse/בחכמה a fondé (la) terre »
Une absence étrange… révélatrice ?
Logiquement, si la Sagesse est le fondement de toute la Création, elle devrait apparaître dès les premiers versets de la Torah — au commencement.
Et pourtant… ce mot חכמה n’apparaît ni dans le verset d’ouverture, ni dans les premiers chapitres de Béréchit.
En réalité, le mot « חכמה » — tel quel — ne figure qu’au 2293ᵉ ou 2294ᵉ verset de la Torah.
C’est-à-dire bien après le début, déjà dans le deuxième livre, Exode (Chémot).
Comment expliquer cette absence apparente ?
Où se cache donc חכמה, cette lumière première, ce rayon originaire censé illuminer toute la Création ?
Retrouver la Sagesse dans le commencement
Si, comme le disent nos Maîtres, la חכמה (Hokhmah / Sagesse) est le fondement de toute la Création, nous devrions la retrouver au commencement même de la Torah, là où tout commence.
Or, comme nous venons de le dire, le mot חכמה n’apparaît pas dans les premiers versets. Il ne surgit, en tant que tel, qu’au 2293ᵉ (ou 2294ᵉ) verset — bien loin du début, déjà profondément entré dans le deuxième livre, Chémot.
Cela semble paradoxal.
Et pourtant, il ne fait aucun doute : חכמה est présente dès le commencement — mais à l’état de trace, d’empreinte, de rayonnement implicite.
Elle n’est pas absente, elle est discrète, cachée, codée.
Guématria et miroir : חכמה = 73
Le mot חכמה possède une valeur numérique/énergétique de 73 :
ח (8) + כ (20) + מ (40) + ה (5) = 73
Or le « reflet » numérique de 73 — son miroir — est 37.
Et si l’on considère, comme vu plus haut, que les flux de lumière et de sagesse circulent selon un mouvement descendant (incident) et ascendant (réfléchi), alors le couple 73–37 représente ce va-et-vient énergétique, ce flux bilatéral :
↓ | 7 | ← |
→ | 3 | ↑ |
Un principe fondamental : le début dans la fin, et la fin dans le début
Ce principe du va-et-vient, du « aller-retour », est central dans la tradition hébraïque.
Le Sepher Yetsirah, au chapitre 1, enseigne à propos des 10 Sephirot :
« נעוץ סופו בתחילתו ותחילתו בסופו כשלהבת קשורה בגחלת »
« Leur fin est enchâssée dans leur commencement, et leur commencement dans leur fin — comme la flamme liée à la braise. »
La révélation : 73 × 37 = 2701
Fusionnons maintenant ces deux valeurs — 73 et 37 — lumière directe et lumière réfléchie.
Multiplions-les :
73 × 37 = 2701
Or ce nombre 2701 n’est autre que… La valeur numérique exacte du tout premier verset de la Torah :
« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »
« Au commencement, Elohim créa le ciel et la terre. »
(Genèse / Béréchit 1:1)
הארץ | ואת | השמים | את | אלהים | ברא | בראשית | ||
2.701 | = | 296 | 407 | 395 | 401 | 86 | 203 | 913 |
Conclusion : la Sagesse est là, mais voilée
Ainsi, la Sagesse חכמה — même si elle n’est pas écrite explicitement dans les premiers versets — y est présente numériquement, énergiquement, structurellement.
Non nommée, mais entièrement agissante.
Elle est le code source dissimulé dans les lettres,
le rayon de sagesse réfléchi dans la lumière du verset,
le fondement invisible qui soutient le visible.
Dès les 7 premiers mots de la Torah, la lumière de la Hokhmah éclaire déjà le commencement.
Recentrons-nous sur ce que nous avons exposé dans « Unité 3 : Le temps et le non-temps » à propos d’Israël.
Le nom ישראל / Israël, lorsqu’il se déploie deux fois, diffuse la même énergie 2701 (73 × 37) et tous ses réseaux de significations.
541 | ל | א | ר | ש | י |
1.075 | למד | אלף | ריש | שין | יוד |
2.701 | למד מם דלת | אלף למד פה | ריש יוד שין | שין יוד נון | יוד ואו דלת |
Israël puise à la lumière première, celle qui transcende le temps, qui précède le temps linéaire.
חכמה – « Une sagesse comme le cerveau »
En hébreu, le mot חכמה (Hokhmah / Sagesse) peut être combiné selon les 24 permutations des lettres hébraïques (צירופי האותיות).
L’une de ces permutations est :
« כהמח » (Kéhamo’aḥ) — littéralement : « comme le cerveau ».
Le lien est saisissant.
La Sagesse n’est pas seulement un concept abstrait ; elle est processus, réception, organisation de l’information, transmission énergétique — comme les fonctions du cerveau.
כה – Une allusion subtile à Hachem
Par ailleurs, les deux lettres כ (20) et ה (5) — soit 25 — forment ensemble כה, et ce sont précisément les deux premières lettres inscrites en plus petits caractères dans le Sefer Torah, dans le livre de Béréchit. Elles forment une allusion directe à Hachem, et à un mystère divin contenu dans la discrétion.
Nous y reviendrons plus en détail, בע״ה (avec l’aide d’Hachem).
La חכמה – ‘Hokhmah – Sagesse : née du rien
La חכמה – ‘Hokhmah – Sagesse, est le fondement même de la Création. Dès le premier verset de la Torah, « בראשית ברא אלהים » — « Au commencement, Dieu créa… » (Béréchit 1,1), apparaît le verbe ברא – bara, « Il créa ».
Nos Maîtres nous enseignent que ce verbe est unique : il désigne une création ex nihilo, à partir de rien. C’est une création absolue, radicale, sans antécédent. Le Ramban (Rabbénou Moché ben Naḥman) précise que seuls les cieux et la terre ont été créés de cette manière — tout le reste découle, se façonne ou se transforme.
Or, il est dit dans le livre de Job (Iyov 28,12) :
« והחכמה מאין תמצא«
« Et la sagesse d’où sort-elle ? » Autre lecture : « Et la sagesse du néant (אין) elle sort. »
La חכמה, sagesse fondatrice, vient du אין – du néant. Cela atteste de sa présence dès le premier verset, dès le premier mot, dès la première lettre.
(voir rubrique Explorations : rayon incident, rayon réfléchi)
La valeur numérique du « rien » : אין
Regardons la valeur numérique du mot אין – rien :
-
א = 1
-
י = 10
-
ן = 50
➡ Total : 1 + 10 + 50 = 61
Appliquons maintenant au mot אין la méthode du Riboua (construction pyramidale) comme expliqué dans « Israël Un : Prémices » :
-
א → 1
-
אי → 1 + 10 = 11
-
אין → 1 + 10 + 50 = 61
➡ Total du Riboua : 1 + 11 + 61 = 73
A nouveau : 73, valeur numérique de חכמה – ‘Hokhmah – Sagesse, qui émerge de la Création ex nihilo (ברא – bara, « Il créa »).
Du néant à la sagesse
Construire le « rien » (אין) comme un édifice stable, une pyramide intérieure, révèle la sagesse.
C’est là un message profond de nos Maîtres : la ‘Hokhmah ne s’acquiert pas par simple apprentissage. Elle se reçoit.
Elle est un don, un rayonnement que Hachem déverse dans un récipient prêt à la recevoir.
Et quel est ce récipient ? L’humilité.
Accéder à l’humilité véritable demande un effort considérable, presque inhumain.
Comme Moché Rabbénou ע »ה, décrit comme « le plus humble des hommes », celui qui se construit dans le « rien », celui qui se vide de son « égorgueil » (égo & orgueil) malsain, devient apte à recevoir cette sagesse transcendante.
Ainsi, construire son אין — son « néant » intérieur — c’est ériger l’espace duquel peut émerger la חכמה – ‘Hokhmah, don d’Hachem.
Une notion simple, mais résistante à l’explication
Nous allons maintenant tenter d’enrichir notre réflexion avec une notion apparemment simple, mais en réalité délicate à exposer.
Comme souvent, la simplicité véritable résiste à l’analyse.
Elle repousse l’intellect, comme si elle exigeait une perception plus fine, plus subtile, plus intérieure.
Il en est des notions essentielles comme de certaines vérités :
elles se cachent non pas dans le complexe, mais dans l’évident.
La Création : un modèle structuré, rigoureux, absolu
Dès ses premiers versets, la Torah nous enseigne que le monde est structuré.
La Création ne surgit pas dans le chaos, mais suit un processus ordonné, précis et limité :
Un jour après l’autre.
Chaque jour reçoit sa création propre, sa mission, sa place.
La Torah se présente donc comme le mode d’emploi de l’univers.
Et ce premier modèle de structuration est bien plus qu’un récit : c’est un archétype, un modèle-type, un idéal ontologique, une matrice absolue.
L’Homme : invité à s’inscrire dans ce modèle ascensionnel
L’être humain est ainsi appelé à s’inspirer de ce processus de structuration progressive, à s’inscrire dans cette dynamique d’ordre et d’élan vers la complétude.
Chaque processus existentiel — qu’il soit physique, psychique, moral ou spirituel — doit :
- Être progressif
- Être ascensionnel
- Être cohérent et sans vide
- Respecter l’ordre des étapes
- Être scellé dans la continuité, sans retour en arrière ni saut de phase
Comme pour une maison, on ne bâtit pas le deuxième étage avant d’avoir coulé les fondations.
De même, aucun jour de la Création n’est « posé » tant que le précédent n’est achevé, validé, scellé.
Chaque jour est une particule du Tout, une brique dans l’édifice de la Création. Mais, ensemble, jour 1 et 2ème jour forment un premier « tout intermédiaire », et ainsi de suite.
1 à 7 : une structure numérique et symbolique
Le processus de la Création se déploie en 7 jours :
6 jours d’action + 1 jour de complétude/sanctification.
Il en ressort une structure visible :
La suite des entiers naturels de 1 à 7 :
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 = 28
Or, 28 n’est pas un chiffre quelconque.
28 = כח (Ko’aḥ / Force)
En hébreu, כח (Ko’aḥ) signifie force :
כח | ח | כ | |
28 | = | 8 | 20 |
Les deux lettres כח sont également… les deux premières lettres du mot חכמה (Sagesse) !
7 mots, 28 lettres : la signature (visible) du commencement
Ce couple 7–28 apparaît dès le tout premier verset de la Torah :
« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »
7 mots, 28 lettres.
Cela ne peut être fortuit.
Il y a ici une architecture chiffrée, une structure mathématique et spirituelle qui relie :
- Le processus de Création
- La série des jours
- La force (le potentiel) « qui émane » de la sagesse
- Et le verset fondateur de toute la Torah
Rien, absolument rien, n’est anodin dans la Torah חס ושלום.
Vers חכמה : intégrer la sagesse dans la structure
À présent, revenons à חכמה (Sagesse) à la lumière de cette architecture.
Que se passe-t-il si nous appliquons ce modèle de progression ordonnée et ascendante à חכמה elle-même ?
De 1 à 73 : une montée vers la Sagesse
Inspirés par le modèle structurant des 7 jours de la Création, construisons une progression mathématique qui s’en inspire.
Prenons la valeur numérique de חכמה (Sagesse/’Hokhmah), soit 73, et additionnons un à un tous les entiers naturels qui mènent jusqu’à elle :
∑1 à 73 = 1 + 2 + 3 + … + 71 + 72 + 73 = 2.701
Émerveillement !
2.701 : valeur numérique du tout premier verset de la Torah !
« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »
La Sagesse, fondement de toute la Création selon le Roi David, le Roi Salomon et tous les Sages d’Israël, est donc littéralement enchâssée dans le tout premier souffle textuel de la Torah.
« ראש דברך אמת / Roch Devarekha Émèt – La tête de Ta parole est Vérité »
Comme nous l’avons déjà rapporté, le roi David nous enseigne dans le Tehilim (Psaume 119, verset 160) :
« ראש דברך אמת / Roch Devarekha Émèt – La tête de Ta parole est Vérité. »
En hébreu, les initiales des mots se disent « rachei teivot / ראשי תיבות », littéralement : « les têtes des mots ».
Ce verset nous suggère donc, de manière allusive et puissante, que les initiales portent en elles la Vérité.
Elles sont au commencement, en hauteur, comme la tête de l’homme, qui contient son cerveau, ses sens, sa pensée.
Puisque la Sagesse (חכמה) est le fondement de la Création, pouvons-nous espérer retrouver sa trace dans ces initiales, là où tout commence ?
Prenons à nouveau le tout premier verset de la Torah :
« בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ »
« Au commencement, Elohim créa les cieux et la terre. »
Regardons à présent ses initiales : : בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ
בבאאהוה | ה | ו | ה | א | א | ב | ב | |
22 | = | 5 | 6 | 5 | 1 | 1 | 2 | 2 |
Ce qui nous donne donc numériquement 22.
Et maintenant, tournons-nous vers la liste des nombres premiers, que nos Maîtres utilisent comme clés de lecture et de décryptage.
Quel est le 22ᵉ nombre premier ?
73 : חכמה / Hokhmah / Sagesse.
Ainsi, de façon silencieuse mais éclatante, la Sagesse se révèle une fois encore — non pas dans le corps du verset, mais dans sa tête, dans ses initiales, dans ce qui donne l’élan au mot, dans ce qui impulse le flux.
La Torah est un code, répètent nos Maîtres. Elle est structure, vérité, et mode d’emploi du monde.
Et comme l’a enseigné le Rav David Menaché זצ״ל, les nombres premiers sont des balises de lumière, des chemins cachés, qui nous guident dans ce décryptage sacré.
Où se cache encore la חכמה ?
Poursuivons. Approchons-nous encore plus près du tout premier instant.
Regardons de plus près le tout premier mot de la Torah :
« בראשית » / Berechit / Au commencement
Peut-on y retrouver une trace directe de חכמה ? Une empreinte énergétique ?
Pour cela, utilisons un regard particulier : la méthode appelée riboua / ריבוע, littéralement « le carré », que nous avons déjà utilisée dans le chapitre « Israël UN : Prémices ».
Pour rappel, cette méthode construit le mot comme une pyramide, étage par étage.
- Elle ne considère pas le mot comme un tout immédiat, tombé d’un bloc dans notre réalité.
- Elle suit la descente des lettres une à une, selon leur ordre d’apparition.
- Chaque lettre vient s’unir à la ou les lettres précédentes pour former un nouvel étage.
- À chaque niveau, on calcule la valeur numérique de l’étage, puis on cumule ces valeurs jusqu’à la dernière lettre, pour obtenir la valeur totale « riboua » du mot.
C’est une descente progressive, organisée, structurée — à l’image même de la Création.
Ce procédé reflète une rigueur extrême, une puissance d’ancrage. Les Maîtres d’Israël nous enseignent que cette méthode révèle la force du mot, sa rigueur.
Berechit selon riboua
Reprenons le mot בראשית (Berechit), dont la valeur simple est 913 :
בראשית | ת | י | ש | א | ר | ב | |
913 | = | 400 | 10 | 300 | 1 | 200 | 2 |
Maintenant, construisons selon la méthode riboua :
chaque étage s’ajoute à l’autre dans l’ordre des lettres :
- ב = 2
- בר = 2 + 200 = 202
- ברא = 2 + 200 + 1 = 203
- בראש = 2 + 200 + 1 + 300 = 503
- בראשי = 2 + 200 + 1 + 300 + 10 = 513
- בראשית = 2 + 200 + 1 + 300 + 10 + 400 = 913
Maintenant, additionnons ces six étages :
2 + 202 + 203 + 503 + 513 + 913 = 2.336
Une fusion révélatrice : 2.336 = 32 × 73
Cette méthode ribouâ /ריבוע appliquée au mot בראשית nous mène donc à une valeur de 2.336.
Factorisons maintenant ce nombre :
2.336 = (25) × 73 = 32 x 73
N’est-ce pas étonnant, extraordinaire, de retrouver à nouveau, au tout départ de la Création, l’énergie 73, c’est-à-dire חכמה / Sagesse / ’Hokhmah ?
Mais cette fois-ci, cette Sagesse fondatrice fusionne avec un autre nombre : 32.
Pourquoi ?
Que signifie cette force 32 qui vient s’unir à la Sagesse dans ce moment primordial ?
Qu’est-ce que la Création veut nous signaler par cette union énergétique ?
Première clé : לב / Lèv / Le Cœur
Tout d’abord, 32, c’est la valeur numérique du mot לב / lèv / cœur :
ל (30) + ב (2) = 32
Cela seul pourrait suffire. Car quelle autre force que celle du cœur — siège du ressenti, du vivant, de la connexion intérieure — pouvait accompagner la Sagesse au moment de la mise en mouvement de la Création ?
Deuxième clé : 32 apparitions du Nom « Elo-him » au chapitre de la Création
Allons plus loin.
Nous avons expliqué que la méthode ribouâ révèle la rigueur, la puissance, la force contenues dans le mot.
Or, la Création a été accomplie par l’Attribut divin nommé :
« Elo-him / אלה-ים »
Ce Nom est celui de la rigueur (Din), de la structure, de la loi, de la puissance.
🔹 Et c’est ce seul Nom qui apparaît tout au long des 6 jours de la Création (Berechit chapitre 1).
🔹 Le Nom ineffable de miséricorde (YHVH / יהו-ה) n’apparaîtra qu’à partir du 7e jour (Berechit chapitre 2), jour du Chabat, où Elo-him « se repose ».
Maintenant, ce qui est absolument frappant :
Ce Nom Elo-him apparaît 32 fois dans le chapitre de la Création.
- 32 apparitions du Nom de la rigueur.
- Une fusion exacte avec la Sagesse / חכמה (73), révélée par la méthode ribouâ appliquée à בראשית.
Que nous enseigne cette fusion ?
- Elle nous dit que les 6 jours de la Création sont sous le signe d’une Sagesse rigoureuse, ordonnée, architecturée.
- Elle nous révèle que la Sagesse divine ne s’incarne pas dans une lumière flottante ou intuitive, mais dans une structure ferme, mesurée, exacte.
- La troisième Séphirah qui reçoit la lumière émanée de חכמה / ’Hokhmah — la Sagesse — est בינה / Binah, le Discernement. Elle incarne la structuration intellectuelle, le développement rationnel de l’intuition première. Associée au cerveau gauche, elle est la racine de la rigueur, de l’analyse et de l’élaboration méthodique.
Troisième clé : 32 sentiers
Le « Livre de la Création (ou de la Formation) / ספר יצירה / Sepher Yetsirah » nous enseigne dès son premier chapitre :
« Par 32 sentiers mystérieux des mystères de la Sagesse, Il a gravé par eux… »
*(Traduction du Rav Michael Sebban, p. 16 – Sepher Yetsirah, Transcription & Traduction, MS. HEBREU 763)
Ainsi, dans le « Verger des Grenades / Pardess Rimonim », le Ramaq, Rabi Moché Cordovero, nous éclaire au Portique 4 :
« Parmi les trois cerveaux supérieurs, l’un est la חכמה / ’Hokhmah / Sagesse.
Et de cette dimension cérébrale, appelée précisément ’Hokhmah, émanent 32 sentiers : ce sont les 32 sentiers de la Création, mentionnés par le Sepher Yetsirah ».
Ce que révèle donc notre étude du tout premier mot de la Torah, בראשית, à travers la méthode ribouâ / ריבוע, c’est bien plus qu’une coïncidence numérique.
Le couple 73 / 32, dévoilé par cette construction, met en lumière — de manière allusive mais puissante — ces 32 sentiers qui sortent de la Sagesse, selon l’enseignement du Sepher Yetsirah.
Et donc, dans ce tout premier mot, gravé au seuil même de la Création,
nous trouvons déjà, en germe, les canaux premiers de l’Architecture du Monde,
les 32 sentiers mystérieux de la חכמה.
« יהו-ה ימלך לעלם ועד »
« Hachem/יהו-ה règnera pour toujours et encore » (Chemot [L’exode], Bechala’h, 15,18).
Clôturons cette section avec un joyau incontournable : le mot Torah / תורה.
Hachem יהו-ה, Torah תורה et Paix שלום.
Le Zohar nous dit (Qora’h 176 a et b) :
« ומאן דפליג על שלום, פליג על שמא קדישא, בגין דשמא קדישא, שלום אקרי. תא חזי, לית עלמא קאים אלא על שלום »
« et celui qui divise la paix divise Le Nom Saint car Le Nom Saint s’appelle paix. Viens vois, le monde ne tient que sur la paix ».
Ramaq commente et nous dit : Le Tétragramme יהו-ה YHWH est appelé paix / שלום.
La valeur numérique du mot Torah / תורה est 611. Sa valeur « miroir » : 116.
ה | ר | ו | ת | ||
611 | = | 5 | 200 | 6 | 400 |
Ce schéma « aller-retour » numérique — 611/116 — s’inscrit dans le mouvement même que nous avons exploré précédemment :
↓ | 6 | ← |
↓ | 1 | ↑ |
→ | 1 | ↑ |
Tout homme qui s’engage sincèrement dans l’étude de la Torah découvre tôt ou tard par lui-même que Torah et Chalom / שלום / Paix ne font qu’Un.
La Torah est le principe même de la Paix.
La Paix est une finalité en soi, peut-être même la plus élevée. Et le roi שלמה / Chelomoh nous enseigne, dans Michlei (Proverbes 3,17), que la Torah est la voie pour y parvenir :
« וכל נתיבותיה שלום » – « Et tous ses sentiers sont paix. »
Dans ce verset, Chelomoh parle de la ’Hokhmah / חכמה / Sagesse — que nous avons longuement approchée ci-dessus.
Et comme l’enseigne Rachi (Rabi Chelomoh ben Yits’haq, Troyes 1040–1105) deux versets plus loin (Michlei 3,19) :
« ’Hokhmah », c’est la Torah.
Toute conscience saine — sur le plan psychique comme intellectuel — perçoit que la Paix est la valeur morale par excellence.
Elle est essentielle. Fondamentale. Primordiale.
Et pourtant, elle demeure inaccessible à l’homme, imperméable à son cœur.
Elle est haute, noble, presque insaisissable.
Et bien que chacun soit convaincu d’avoir parfaitement « compris » ce qu’est la Paix, la réalité dévoile le contraire.
L’Histoire du monde — tout comme l’histoire propre à chaque individu — en témoigne amplement.
Des conflits personnels aux guerres mondiales, des mésententes conjugales aux haines collectives : la Paix reste à construire.
Pourquoi ?
Parce qu’un écran l’en empêche. Un écran puissant, redoutable, profondément intime : l’orgueil.
Si l’on prend le temps d’y réfléchir avec sincérité et lucidité, on constatera que l’orgueil finit toujours par prendre le dessus — que ce soit sous couvert d’un désir personnel, d’un projet commercial, d’une idéologie politique ou même d’une quête religieuse. Tout, tôt ou tard, se retrouve enveloppé dans cet orgueil latent ou manifeste, qui, à un moment ou un autre, plus ou moins rapidement selon chacun, s’imposera et dominera (voir le Ram’hal : Messilat Yecharim / Les Sentiers (des) Droits)
Il ne s’agit pas de l’orgueil que l’on a su détecter, que l’on affronte avec lucidité, et que l’on tente, tant bien que mal, de canaliser. Il s’agit de l’orgueil brut, non reconnu, non travaillé, laissé à l’état sauvage, livré à lui-même. Cet orgueil-là est rampant, insidieux, enraciné. Il est présent partout et en permanence. Et lorsqu’il n’est pas dompté, il finit par nous gouverner, nous rendant סתום / satoum — hermétiques, inaccessibles, bouchés.
Cet orgueil sauvage puise sa force au cœur du Yètser Harâ / יצר הרע, le mauvais penchant — cette force intérieure obscure que nos Maîtres décrivent comme inépuisable dans son énergie.
En vérité, l’orgueil est peut-être l’adversaire intérieur le plus tenace de l’Homme. Il est l’émanation directe — ou l’ombre subtile — du principe même de l’Avodah Zarah / עבודה זרה, l’idolâtrie sous toutes ses formes.
L’orgueil est le maître silencieux. Il se tient en coulisses, mais dicte la conduite de l’homme. Un homme dominé par l’orgueil est, sans le savoir, un esclave qui se croit libre.
L’orgueil est rusé. Il sait se dissimuler. Il se déguise. Mal combattu, mal abordé, il se renforce et devient encore plus subtil. Il se fond dans la personnalité jusqu’à devenir invisible.
Ainsi, deux hommes orgueilleux en conflit ne pourront jamais atteindre une Paix sincère.
L’orgueil est aussi l’un des poisons les plus destructeurs du couple. Or, c’est au cœur du couple authentique — celui formé d’un homme (dimension masculine) et d’une femme (dimension féminine) — que tout être humain est invité à éduquer son orgueil, à le domestiquer.
Car plus l’orgueil s’étale, plus la Paix se retire.
Et plus la Paix s’éloigne, plus la Torah s’efface.
La Torah, antidote absolu à l’orgueil
L’antidote véritable à l’idolâtrie / עבודה זרה / Avodah Zarah, et donc à l’orgueil, est précisément : la Torah. Elle est son opposée directe, sa contre-force, son ennemie jurée.
L’homme qui étudie sincèrement la Torah comprendra tôt ou tard que seul ce chemin — exigeant et sans fin — permet d’affronter ce combat intérieur si dérangeant. Les Sages d’Israël nous enseignent avec une justesse glaçante qu’un homme ne doit pas se faire confiance jusqu’à son dernier souffle. » (Pirkei Avot / Éthique des Pères, 2:4, enseignement de Hillel l’Ancien : « Ne te fie pas à toi-même jusqu’au jour de ta mort »).
L’étude de la Torah ne garantit pas une victoire totale sur l’orgueil — car cela dépend aussi de l’homme lui-même. À vision humaine, cette victoire semble d’ailleurs presque inaccessible.
Mais la Torah ouvre un chemin.
Elle amorce un processus de reconnaissance. Elle met en lumière les contours souvent flous de cet adversaire intérieur : parfois visible, parfois dissimulé ; parfois brutal, parfois subtilement élégant.
Elle rend possible une forme de maîtrise, humble, progressive, authentique.
La Torah est donc l’antidote.
Et pour transmettre cette Torah, Hachem choisit Moché / משה.
Il est l’intermédiaire entre le Ciel et la Terre, le canal entre Hachem et Israël.
Et la Torah affirme de lui qu’il fut le plus humble des hommes (Bamidbar / Nombres 12,3).
Or, l’humilité est l’opposé radical de l’orgueil.
Le nom Moché — « codé dans la Paix »
Le nom משה / Moché apparaît pour la toute première fois dans la Torah dans le deuxième livre, Chemot / שמות / L’Exode, au chapitre 2, verset 10.
Et là, un détail bouleversant :
Ce nom משה est le 376ème mot de ce second livre.
Or, 376 est la valeur numérique du mot שלום / Chalom / Paix !
שלום = ש 300 + ל 30 + ו 6 + ם 40 = 376
Et le Ramaq de nous enseigner que la Paix unit l’en-haut et l’en-bas (Zohar Qora’h, dimanche, ‘hoq léYsrael, Michael Sebban, Beit haZohar)…
L’orgueil crée une distance entre l’homme et la Torah — et donc, entre l’homme et la Paix.
À l’inverse, l’humilité ouvre la porte : elle permet de recevoir la Torah et, par elle, d’entrer dans la dynamique de la Paix.
Il n’est sans doute pas anodin que le nom de Moché — modèle d’humilité — fasse sa première apparition précisément à cet endroit, suggérant la Paix.
Ainsi, l’accès à la Paix se trouve dans l’humilité et la Torah, à l’image de notre Maître Moché ע’ה, incarnation parfaite de l’humilité et « canal » par qui la Torah a été révélée au monde.
Torah et Paix — une fusion vivante
La Torah et la Paix sont indissociables.
Elles interagissent, se nourrissent, se fécondent l’une l’autre.
Les Sages d’Israël enseignent que l’étude de la Torah, c’est étudier le Nom de Hachem / יהו-ה.
Autrement dit, la Torah, c’est le Nom.
D’ailleurs, la Paix est un des Noms de Hachem.
Regardons de plus près.
La valeur numérique du Nom ineffable / יהו-ה est 26.
La valeur de « Mon Nom / שמי / Chémi » est 350.
Ensemble :
שמי יהו-ה = 350 + 26 = 376 (Chemot 6,3)
ש 300 + מ 40 + י 10 + י 10 + ה 5 + ו 6 + ה 5 → Total : 376
Donc :
« Mon Nom Hachem = Paix » → שמי יהו-ה = שלום = 376
Revenons à cette promesse magnifique, inscrite dans Chemot / Bechala’h, chapitre 15, verset 18 :
« יהו-ה ימלך לעלם ועד »
« Hachem règnera pour toujours et encore »
Ce verset porte lui aussi la valeur 376.
־ יהו-ה = 26
־ ימלך = 100
־ לעלם = 170
־ ועד = 80
→ Total : 376
Il semble qu’aucun autre verset du Tanakh entier ne porte cette valeur précise.
C’est le seul.
Cette correspondance entre Paix / שלום, Mon Nom Hachem / שמי יהו-ה, et la Royauté ultime de Hachem, 376, parle d’elle-même.
La Paix Véritable naîtra du dévoilement du Nom
La Paix Véritable, complète, inaltérable, ne sera possible que lorsque Hachem se dévoilera.
Or, l’étude de la Torah — et plus encore l’intégration de ses enseignements dans le monde réel — c’est déjà dévoiler Hachem, tel que Sa Sagesse Infinie l’a décrété.
Il va donc de soi que :
La Paix ne pourra naître, et ne pourra durer, que par la Torah. נקודה !
Mais poursuivons, avec l’aide d’Hachem בע »ה, comme nous l’avons fait au commencement de cette rubrique, notre immersion dans l’univers des lettres hébraïques et des nombres qui leur sont associés.
Fusionnons à présent les deux dynamiques de la valeur numérique du mot תורה / Torah : son rayon incident et son rayon réfléchi. Nous obtenons :
611 × 116 = 70.876
Et là, l’émerveillement. Car 70.876 n’est autre que la somme cumulative des nombres entiers de 1 à 376 — 376, valeur numérique/énergétique du mot שלום / Chalom / Paix !
Ce calcul parfait, net, précis :
116 × 611 = ∑₁–₃₇₆ (1 + 2 + 3 + … + 374 + 375 + 376)
… nous enseigne sans détour qu’il n’y a définitevement de paix véritable que par la Torah. La Torah EST la Paix. Cette montée mathématique continue, sans rupture ni faille, nous conduit à la complétude du שלום — à une Paix intégrale, façonnée par l’union de la Torah avec elle-même, par le biais de ses deux pôles de lumière : l’incidence et la réflexion. Le « couple » 611–116 semble nous inviter à une étude constante, sans interruption, ou du moins avec la plus grande continuité possible. Un mouvement perpétuel, un va-et-vient inlassable — une réception sans fin.
Ce chemin vers la Paix est rigoureux. Aucun raccourci n’est permis. Chaque étape doit être intégrée, honorée, scellée. C’est la Torah seule qui trace cette voie, qui guide pas à pas celui qui la suit vers une paix authentique, qu’elle soit personnelle ou collective.
Une paix nettoyée de tous les résidus de l’ego, préservée des toxines du pouvoir, affranchie des passions destructrices. Une paix reconnectée à son Essence, purifiée de toutes les dérives humaines. Une paix désinfectée des pulsions d’auto-divinisation.
Lorsque nous additionnons les entiers de 1 à 376, nous construisons un édifice solide, structuré, un véritable pilier pyramidal. De même que nous l’avons fait plus tôt avec le mot חכמה / ’Hokhmah / Sagesse — et avant cela avec les 7 jours de la Création — nous appliquons ici aux entiers de 1 à 376 une démarche de type ריבוע / ribouâ.
Précisons que, dans ce cas, nous n’agrégeons pas chacun des étages intermédiaires, mais ne retenons que le dernier palier — le sommet — d’où l’on parle de méthode « de type ribouâ ».
Toutefois, si l’on additionnait tous les étages (1 + 3 + 6 + 10 + …), on obtiendrait 8 930 376. Sa décomposition parle d’elle-même :
-
8 renvoie à Binah.
-
930 se lit comme 10 × 93, soit les 10 Sephirot (Minian) associées au מגן / Magen (93) — le bouclier.
-
376, enfin, est Paix / שלום.
Ce nombre unique fait converger :
-
Binah, premier palier transcendant la nature,
-
l’architecture des dix Sephirot, formant une complétude,
-
le symbole du bouclier (מגן),
-
et, en finalité, la Paix (376).
Voici donc deux visions du même processus — l’une montante, l’autre descendante — structurant notre édifice « Torah-Paix », dont nous arrêtons ici l’illustration au chiffre 7, symbolisant les 7 jours de la Création :
1 1 + 2 1 + 2 + 3 1 + 2 + 3 + 4 1 + 2 + 3 + 4 + 5 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 etc. jusque 376 |
etc. jusque 376 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 1 + 2 + 3 + 4 + 5 1 + 2 + 3 + 4 1 + 2 + 3 1 + 2 1 |
En juxtaposant ces deux structures triangulaires — légèrement décalées — nous formons le Bouclier de David, מגן דוד / Magen David.

Épiçons délicieusement notre émerveillement face à de telles justesses.
Le mot « paix / שלום / Chalom », en tant que tel, n’apparaît pour la première fois dans la Torah qu’au 376ᵉ verset !
Voici ce verset (Berechit / Genèse 15,15) :
« ואתה תבוא אל אבתיך בשלום תקבר בשיבה טובה »
« Et toi (Avraham), tu viendras vers tes pères en paix… »
Clôturons à présent cette introduction consacrée au principe « rayon incident – rayon réfléchi ».
Nos Sages nous enseignent que l’alphabet dans son ordre classique — de la première à la dernière lettre, de א (alef) à ת (tav) — porte en lui la dimension masculine.
À l’inverse, l’alphabet dans l’ordre opposé, c’est-à-dire de ת (tav) à א (alef), représente la dimension féminine. Cet alphabet, dit « inversé », est nommé אתבש / ATBACH. Il est comme le rayon réfléchi de son « époux », l’alphabet masculin, linéaire, descendant.
(cliquez « ici » pour accéder à l’alphabet ATBACH ainsi que pour comprendre son fonctionnement pratique).
↓ | א | ← |
↓ | ב | ↑ |
↓ | ג | ↑ |
↓ | ד | ↑ |
↓ | ה | ↑ |
↓ | ו | ↑ |
↓ | ז | ↑ |
↓ | ח | ↑ |
↓ | ט | ↑ |
↓ | י | ↑ |
↓ | כ | ↑ |
↓ | ל | ↑ |
↓ | מ | ↑ |
↓ | נ | ↑ |
↓ | ס | ↑ |
↓ | ע | ↑ |
↓ | פ | ↑ |
↓ | צ | ↑ |
↓ | ק | ↑ |
↓ | ר | ↑ |
↓ | ש | ↑ |
→ | ת | ↑ |
Ce couple d’alphabets forme un mouvement complémentaire, une sorte de danse continue de type « aller-retour », « va et reviens », comme nous l’avons déjà souligné dans cette rubrique. Ce processus, disions-nous, s’opère dans une sorte de micro instant-éclair, fulgurance de la fusion des opposés.
Évoquons à ce propos le verset du prophète Ézéchiel / יחזקאל (chapitre 1, verset 14) :
« והחיות רצוא ושוב כמראה הבזק »
« Et les ‘hayiot couraient et revenaient comme la ressemblance (de) l’éclair. »
Concentrons-nous à présent sur ces deux mots de ce verset רצוא ושוב — « ils couraient et revenaient », qui expriment ce mouvement de va-et-vient, ce battement constant entre expansion et retour, émission et réception.
Fait fascinant : la somme des valeurs numériques/énergétiques de רצוא ושוב donne 611 — la valeur du mot תורה / Torah.
רצוא ושוב | ושוב | רצוא | |
611 | = | 6+300+6+2 = 314 | 200+90+6+1 = 297 |
Ce mouvement רצוא ושוב — aller et retour — est donc le mouvement même de la Torah. Elle est ce flux. Elle est ce battement. Elle est cette dynamique incessante.
D’ailleurs, rappelons le verset des Tehilim / Psaumes 147,15 :
« השלח אמרתו ארץ עד מהרה ירוץ דברו »
« Il envoie Sa parole sur la terre, avec une extrême rapidité court Sa parole. »
Ici encore, la Torah est une parole qui « court », une parole vivante, projetée dans le monde. Mais une parole qui porte en elle la rigueur (davar / דבר, « parole » mais aussi « chose », réalité fixée, contrainte, jugement).
Ce n’est donc pas une course désordonnée, mais une course rigoureuse, maîtrisée, ordonnée. Une dynamique où rayon incident et rayon réfléchi ne s’opposent pas mais se complètent dans l’unité.
Restons pleinement dans notre sujet.
Portons maintenant notre attention sur les deux mots : « ירוץ דברו », que l’on peut traduire par : « elle courra Sa Parole » — mais une Parole porteuse de rigueur, de structure, voire de force (comme le contexte du verset l’indique).
Cette fois-ci, appliquons une permutation des lettres en utilisant l’alphabet dit « féminin », aussi appelé alphabet réfléchi, c’est-à-dire le système אתבש / ATBACH.
Classique | ירוץ | ץ | ו | ר | י |
306 | 90 | 6 | 200 | 10 | |
ATBACH | מגפה | ה | פ | ג | מ |
128 | 5 | 80 | 3 | 40 | |
Classique | דברו | ו | ר | ב | ד |
212 | 6 | 200 | 2 | 4 | |
ATBACH | קשגפ | פ | ג | ש | ק |
483 | 80 | 3 | 300 | 100 |
Le total ATBACH des deux mots est donc : 128 + 483 = 611 : Torah / תורה !
Autrement dit, la permutation par l’alphabet féminin, le reflet, fait ressurgir la Torah.
Cette découverte vient puissamment renforcer tout ce que nous avons vu sur le va-et-vient, le rayon incident / rayon réfléchi, et l’union des deux dimensions masculine et féminine dans le processus de révélation.
Pour renforcer ce message, rappelons ce que le roi David nous enseigne, Tehilim / Psaume 31, verset 25 :
« חזקו ויאמץ לבבכם כל המיחלים ליהו-ה »
« Renforcez-vous (soyez forts) et affermissez votre coeur (ayez votre coeur ferme) tous qui espérez en (vers/pour) Hachem. »
Regardons à présent la valeur numérique de ce verset :
ליהו-ה | המיחלים | כל | לבבכם | ויאמץ | חזקו | ||
611 | = | 56 | 143 | 50 | 94 | 147 | 121 |
Ici encore, la réponse est donnée par la valeur : 611 = תורה.
Se renforcer, affermir son cœur, espérer en Hachem… tout cela passe par l’étude, l’intériorisation et l’application concrète de la Torah.
Car la Torah est vivante. Elle va et revient, telle une éclaircie fulgurante. Elle trace dans notre monde des lignes de lumière, et retourne à sa Source dans un mouvement perpétuel.
Elle est force, courage, espérance, élévation.
Elle nous construit, nous façonne en tant qu’individus, mais aussi en tant que corps collectif, peuple, nation, Etat.
C’est à l’Homme, et à lui seul, qu’il appartient de s’y attacher ou non.
Hachem nous a donné le plus précieux des dons : le libre arbitre.
Soyons à la hauteur de ce don inestimable.
[1] Voir un exemple de « mise en mouvement » du rayon incident – réfélchi, cours du Rav David Menache ז’ל, à partir de la 5,18ième minute jusqu’à la (+/-) 6ème minute : https://www.youtube.com/@RavDavidMenache
[2] ∑1-376 : 1+2+3+…+374+375+376 = 70.876 = 611 x 116 !
[3] Berechit, Lekh Lekha, 15,15. Notons que « en paix בשלום » est le 4.831e mot de la Torah. Nous en parlerons à un autre endroit.