Unité 3 : le temps et le « non temps » incarnés dans le nom Israël ישראל

Grâce à l’unité précédente, nous pouvons affirmer que chaque fois qu’un enfant d’Israël pense, prononce ou lit ce nom sublime — Israël / ישראל  — il convoque ses Racines. Qu’il en ait conscience ou non, il fait revivre ses Pères et ses Mères, et réactive leur présence dans l’instant. Par ce geste, il touche la Torah, car les Racines d’Israël sont enracinées en elle.

D’une certaine manière, il accomplit le commandement du « Souviens-toi / זכור ». Ce souvenir ne désigne pas une simple commémoration intellectuelle ou émotionnelle, mais un acte spirituel profond : rendre présent ce qui fut. Le passé devient alors vivant, agissant, éternel.

C’est précisément ce que la Torah exprime au sujet du Chabbat :
« זכור את יום השבת » — « Souviens-toi du jour du Chabbat » (Chemot 20,7).

Ce souvenir est un appel à l’actualisation, non à la nostalgie. C’est faire exister, dans l’instant, une réalité hors du temps.

D’ailleurs, la guématria de ces quatre mots « זכור את יום השבת », lorsqu’on y ajoute les Taguim, est de 1.957 — une valeur que nous retrouverons dans l’unité 4, volet 1, et qui révèle un lien profond entre mémoire saine et sainte, temps transcendant et identité d’Israël.

Ainsi, Israël / ישראל, nom identitaire par excellence, fait jaillir les Pères, les Mères et la Torah elle-même dans notre présent. Ce n’est pas un souvenir lointain, mais une réalité vivante — ici, maintenant.

Une nouvelle unité se dévoile alors : Israël unit le temps.

Par ce nom, le passé s’infuse dans le présent, et le futur s’y inscrit déjà. Israël est passé, présent et futur. Il transcende le temps, ou il ne lui est pas soumis.

Cela révèle un lien profond, intime, avec le Nom d’Hachem (יהו״ה) — que nos Maîtres lisent comme une fusion des trois temps : Hayah (היה) – il était, Hovéh (הוה) – il est, Yihyé (יהיה) – il sera.

Jour Un, lumière et temps

Dans la Genèse, la notion de temps mesurable n’apparaît qu’au quatrième jour de la Création, lorsque sont créés le soleil, la lune et les astres. Ce sont eux qui permettent de mesurer jours, années et cycles.

Avant cela, les trois premiers jours échappent à notre temps linéaire.

Le tout premier jour se conclut ainsi :

« ויהי ערב ויהי בקר יום אחד »
« Et il fut un soir, et il fut un matin : Jour Un. »

Pourquoi la Torah ne dit-elle pas « premier jour / יום ראשון » ? Nos Maîtres nous enseignent que : « Jour UN / יום אחד » exprime une unité fondamentale, au-delà du temps tel que nous le connaissons. C’est concrètement le jour de l’Unité. Tout est encore « Un ».

C’est aussi le jour de la lumière :

« יְהִי אוֹר » — « Que la lumière soit. »

Or, la science contemporaine nous apprend que plus un objet se rapproche de la vitesse de la lumière, plus le temps ralentit pour lui — et qu’à la vitesse de la lumière, le temps s’annule. Le temps cesse d’exister.

Un monde dominé par la lumière est donc un monde hors du temps, tel que nous le concevons.

Ce n’est donc pas un hasard ou une erreur ח’ו si le tout premier jour, celui de l’apparition de la lumière, se conclut dans la Torah par l’expression : « יוֹם אֶחָד » – « Yom Eḥad » – Jour Un (et non premier jour) !

Ce jour Un — jour de lumière — confirme clairement que nous sommes dans un autre référentiel de temps.

Israël est inscrit dans le Jour Un

Le tout premier verset de la Torah (Berechit 1,1) précède donc la création du temps « matérialisé », le temps appréhendable et mesurable par l’homme. Il appartient à ce Jour Un. Sa valeur numérique est de 2.701 :

הארץ ואת השמים את אלהים ברא בראשית
2.701 = 296 407 395 401 86 203 913

Maintenant, considérons le nom Israël / ישראל, mais déployé selon la méthode du milouï (מילוי) — c’est-à-dire en écrivant chaque lettre avec ses lettres constituantes (par exemple : י = יוד), et en répétant l’opération une seconde fois, pour accéder à un niveau plus profond.

Le nom Israël, lorsqu’il est déployé selon les deux niveaux de profondeur du Milouï, révèle une chose bouleversante : sa valeur numérique correspond exactement à celle du tout premier verset de la Torah. Israël y est enchâssé, intimement lié à ce commencement absolu.

Autrement dit : le nom Israël, dans la profondeur de sa structure énergétique, est inscrit dans le tout premier verset de la Torah.

Israël est inscrit dans le Jour Un.
Israël est enraciné dans la lumière première, celle qui précède le temps, celle qui le transcende.

Israël est UN — ישראל אחד !

Israël et l’éternité

Ce lien numérique — 2.701 — entre le nom Israël et le tout premier verset, nous révèle une dimension saisissante : Israël n’est pas assujetti au temps. Israël porte une trace d’éternité.

À première vue, cela peut sembler abstrait, voire ésotérique. Mais en 2025, il suffit de regarder objectivement le parcours de ce peuple pour être interpellé : Israël aurait dû disparaître cent fois, mille fois… Et pourtant, il est toujours là.

Non seulement il survit, mais il revient sur sa terre, comme l’annoncent les prophètes, mot pour mot.

Son histoire, comparée à celle des nations et empires disparus, atteste de cette immortalité inscrite dès le commencement — dans les lettres, dans les chiffres, dans le Texte.

Israël unit le passé, le présent et le futur.
Israël est inscrit dans la lumière première.
Israël est enraciné dans l’Un.

Voici une troisième unité dévoilée : celle du temps et du non temps « incarnés » dans un nom : ישראל (Israël).

 [1] Chemot 20,7 : « Souviens-toi du jour le Chabat… » « זכור את יום השבת… ». Le Chabat ne fait pas partie du passé. Il est « (ré) activé » ou « accueilli » par Israël tous les septièmes jours de chaque semaine. La Torah écrit dans Chemot 31,16 : « pour faire le Chabat » « לעשות את השבת ». Le verbe utilisé est « faire לעשות » qui indique notre monde, celui de l’action concrète, palpable (עולם העשיה). Voir entre autres le cours du Rav Michael Sebban (Beit HaZohar : beithazohar.com) sur Zohar « Ytro » de dimanche.

[2] Berechit 1,14.

[3] Ou, selon Rachi, mis en place et non pas créés.

[4] בראשית ברא אלה’ים את השמים ואת הארץ : 913+203+86+401+395+407+296 = 2.701.

[5] Voir tableau 3.

Par exemple, la première lettre de l’alphabet hébreu est א et vaut 1. Cette première lettre se prononce « alef » et s’écrit de manière pleine אלף. Dès lors, elle vaut maintenant la somme des 3 lettres qui la composent, c’est-à-dire le א initial auquel on ajoute les deux autres lettres qu’il contenait « dissimulées » en lui. Dans ce cas אלף vaut 1+30+80=111. Et ainsi de suite. Soulignons qu’au travers des lettres et de leurs déploiements, nous observons parfaitement la notion de « finitude » qui possède en elle « l’infini ».

[6] En tant que peuple.