Unité 4, volet 1 : l’unité des générations

Les cinq lettres du nom Israël / ישראל  semblent concentrer, dans leur éclat, l’essence même du Principe Israël.
Elles constituent comme l’ultra-condensé d’un concept qui dépasse l’histoire : l’identité spirituelle, nationale et généalogique d’Israël.

Les Racines visibles et voilées

Dans l’unité 2, nous avons observé que :

  • la lettre Youd / י est l’initiale de deux des trois Patriarches : Yits’haq / יצחק et Yaaqov / יעקב ;
  • la lettre Rech / ר est celle de deux des quatre Matriarches : Rivqah / רבקה et Ra’hel / רחל.

Ces deux lettres seules contiennent déjà quatre Racines fondatrices : deux Pères et deux Mères, concentrés dans les lettres י et ר.

Mais ce n’est pas tout.

La Torah rapporte que Ra’hel et Leah donnèrent à Yaakov leurs servantes — Bilhah (par Ra’hel) et Zilpah (par Leah) — comme épouses.
Chacune enfantera deux fils. Ensemble, elles sont donc mères de quatre tribus sur les douze.

Pourtant, la tradition ne leur accorde pas le statut de Matriarches. Elles sont présentes, actives, mais discrètes, intégrées à travers Ra’hel et Leah, leurs maîtresses.

Ce verset de Berechit 30,3 en témoigne :

« Voici ma servante Bilhah. Va vers elle : elle enfantera sur mes genoux, et je serai construite par elle. »
(וַתֹּאמֶר הִנֵּה אֲמָתִי בִּלְהָה בֹּא אֵלֶיהָ וְתֵלֵד עַל בִּרְכַּי וְאִבָּנֶה גַם אָנֹכִי מִמֶּנָּה)

Six versets plus loin (verset 9), c’est Léa/Leah לאה qui donnera sa servante pour épouse à Jacob/Yaaqov.

Ainsi, les neuf figures parentales ayant donné naissance aux douze tribus — les trois Patriarches, les quatre Matriarches, et les deux Mères cachées — sont toutes inscrites dans le nom Israël, de façon explicite ou implicite.

L’unité des géniteurs : de la tête au talon

Les Sages nous enseignent que chaque lettre d’un mot est significative, et que sa place (initiale, médiane, finale) révèle un enseignement. Ainsi, les initiales d’un mot (la « tête ») et ses lettres finales (le « talon ») jouent chacune un rôle distinct, porteur de sens.

Appliquons ce principe aux neuf géniteurs du peuple d’Israël : les trois Patriarches, les quatre Matriarches, et les deux Mères cachées, Bilhah et Zilpah.

Et voici que 957 désigne avec précision le tout premier verset dans lequel le nom Israël / ישראל apparaît dans la Torah. En effet, ce n’est qu’au 957e verset de la Torah que ce nom majestueux se dévoile en toute lettre.

Un détail ? Non. Une convergence.

Jusque-là, le texte n’avait encore jamais prononcé le mot Israël. Ce n’est qu’une fois tous les Pères et Mères unis — dans la lignée et dans le récit — que ce nom sacré se révèle.

Lettres – Êtres – Texte : une synchronisation parfaite

Ce lien entre :

  • les lettres initiales (tête),
  • les lettres finales (talon),
  • et le moment exact du dévoilement du nom Israël dans le Texte

exprime une harmonie profonde : celle du commencement et de l’aboutissement, du haut et du bas, du caché et du révélé.

Israël, dans sa plénitude, est l’aboutissement d’un déploiement qui a débuté dès Berechit.

Conclusion du volet 1 – Unité 4 : Israël, un dévoilement enraciné

Clôturons ce premier volet de l’unité 4 par une guématria aussi lumineuse que révélatrice :
celle des trois mots centraux de cette étude (titre de mon livre) :

התורה : שרש ישראל
La Torah : Racine d’Israël

Leur valeur numérique totale est :

  • התורה = 616

  • שרש = 800

  • ישראל = 541

  • Total : 1.957 = 1.000 + 957

1.000 (אלף), selon nos Maîtres, renvoie à l’Unité, à la Source (Voir entre autres Rav Abraham Aboulafia « Lumière de l’Intellect/Or hasékhel אור השכל  » quatrième partie, chap. 16 ; éditions de l’éclat/Beit ha-Zohar, traduit et annoté par Michaël Sebban, page 107).

Pourquoi ? Entre autres parce qu’en hébreu, 1 et 1.000 s’écrivent de la même manière : אלף. Seule la vocalisation change. Autrement dit : arrivé à 1.000, on revient au 1 — comme un cycle qui se referme pour mieux revenir à son origine.

Ce lien profond entre 1.000 et 1 évoque une circularité : une Unité sans fin, un retour à la Source, un début inscrit dans l’aboutissement.

Ainsi, אלף / 1.000 symbolise aussi :

  • le premier Livre de la Torah,

  • son premier verset,

  • et même son premier mot : בראשית,
    le commencement de tous les commencements.

Et 957, comme nous l’avons vu, désigne le verset exact dans lequel, pour la toute première fois, le nom ישראל apparaît dans la Torah.

Ainsi, cette somme — 1.000 + 957 — trace une trajectoire spirituelle parfaite : du Commencement (בראשית) à la Révélation du Nom Israël. D’ailleurs, on peut factoriser cette somme ainsi :
1.000 + 957 = 103 + (319 × 3).

Or, 319 n’est autre que le miroir inversé de 913, valeur numérique du tout premier mot de la Torah : Berechit בראשית.

Bien entendu, le chiffre 3, en tant qu’exposant comme en tant que multiplicateur, n’est pas arbitraire.

Lorsqu’il est exposant de 10 (les 10 Sephirot), il semble faire allusion au monde de Béria (בריאה), troisième monde du bas vers le haut. Le verbe employé dans ce tout premier verset — bara / ברא (Il créa) — le confirme. Nos Maîtres enseignent qu’il renvoie précisément au monde de Béria / בריאה, le monde de la Création.

Lorsqu’il est multiplicateur, il semble qu’il renvoie à notre monde concret, celui de l’action, Olam haAssiya / עולם העשייה — espace, temps et matière réunis dans leur manifestation tangible.

Ainsi, la présence du “3” dans cette formulation numérique agit comme un pont entre le spirituel et le matériel, entre le céleste et l’incarné.

De plus, ce lien, entre 1.000 et 1 – entre אלף et אלף -, est confirmé par le verset des Tehilim (90,4) :

כִּי אֶלֶף שָׁנִים בְּעֵינֶיךָ כְּיוֹם אֶתְמוֹל
« Car mille ans à Tes yeux sont comme (le) jour (d’)hier… »

Prenons les trois mots qui nous intéressent ici :

אלף שנים בעיניך – « Mille ans à Tes yeux »

Leur guématria classique est :

אֶלֶף שָׁנִים בְּעֵינֶיךָ בְּעֵינֶיךָ שָׁנִים אֶלֶף
673 = 162 400 111

Mais si nous appliquons à ces mots la méthode Atbach — où chaque lettre est remplacée par son opposée dans l’alphabet — nous découvrons :

תכו בטמי שזמטמל שזמטמל בטמי תכו
913 = 426 61 426

… 913 : בראשית !

Par la méthode Atbach — qui unit l’alphabet masculin à son reflet féminin, telle que l’enseignent nos Maîtres, dont le Ramaq dans le Pardès Rimonim (porte 27, ch. 4) — nous sommes ramenés, en un instant, au point d’origine : בראשית, le Commencement.

Et à partir de ce premier mot, exactement 957 versets plus loin, le nom ישראל se dévoile à l’humanité.

חזק הוא ברוך

[1] Le Youd/י : Isaac/Yits’haq יצחק et Jacob/Yaaqov יעקב. Le Rech/ר : Rébecca/Rivqah רבקה et Rachel/Ra’hel רחל.

[2] La servante de Léa s’appelle Zilpa/Zilpahזלפה . L’initiale de son nom est un « zayin ז ». La servante de Rachel s’appelle Bilha/Bilhah בלהה. L’initiale de son nom est un « beit ב ».

[3] Bilha/Bilhah בלהה est la mère de Dan/Dan דן et Nephtali/Naftali נפתלי. Zilpa/Zilpah זלפה est la mère de Gad/Gad גד et Acher/Acher אשר.

[4] Berechit 30,5 ; 30,7 ; 35,25 ; 46,25 ; Divrei hayamim 1 (Chroniques 1) 7,13 ; Berechit 30,10 ; 30,12 ; 35,26 ; 46,18.

[5] D’une certaine manière, on pourrait « ouvrir le concept Israël ישראל » et envisager qu’il devienne alors un nom de sept lettres en splittant les 2 Youd/י et les 2 Rech/ר. Et ensuite évoluer vers neuf lettres en ajoutant les initiales des 2 « servantes ». Nous aurions alors 7 lettres : 541+200+10=751. Ensuite 9 lettres : 751+2+7=760.

Remarquons que les mots « Ismaël fils d’Abraham/Ychmaêl ben Avraham ישמעאל בן אברהם » (Berechit 28,9) valent 751. Et aussi que les mots : « Il alla Esaü vers Ismaël/Il alla Essav vers Ichmaêl  וילך עשו אל ישמעאל » (ibid.) valent 924. En y ajoutant à 924 les Taguim (voir tableau 4) et ensuite en tenant compte des lettres finales (voir tableau 1), on découvre 1.502 qui est égal à 751 + 751. Et de surcroît, la somme des lettres médianes de ces quatre mots (שמעא ש יל 40+300+411) vaut … 751.

[6] Par exemple,  l’initiale d’un mot induit une impulsion, un rythme, un ordre. Voir les cours du Rav Michael Sebban (Beit HaZohar : beithazohar.com) sur « Le Verger des Grenades/Pardess Rimonim » de Rabi Moché Cordovero (Tsfat, 1522-1570), portiques des lettres et des permutations (Portiques 27 et 30).

[11] א י י ש ר ל ז ר ב : 1+10+10+300+200+30+7+200+2=760.

[12] ם ק ב ה ה ה ה ל ה : 40+100+2+5+5+5+5+30+5=197.

[13] Voir Unité 1, note 1.